Le chef du pouvoir militaire en place en Mauritanie depuis le coup d’Etat du 6 août, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a accusé ses opposants de mener des agitations au nom de la démocratie, en référence à la récente manifestation de l’opposition. «Un groupe d’individus a entamé pendant la semaine des agitations au nom de la démocratie et tenté de porter atteinte à l’ordre public», a-t-il accusé au cours d’un meeting tenu, samedi soir, à Nema (sud-est) où il effectue une tournée. Ses propos ont été rapportés par l’Agence mauritanienne d’informations (AMI).
Il a affirmé que la démocratie que ceux-ci prônent n’est qu’un simple slogan qui se confond dans leur conception avec affamer le peuple, le marginaliser, l’exclure et le priver de ses ressources, et a demandé au peuple de les rejeter et d’éviter leur retour aux affaires.
«Depuis 8 mois, ces personnes appellent à l’embargo contre le peuple mauritanien, après (…) l’avoir privé de ses ressources pendant plusieurs décennies», a-t-il estimé. Le chef du pouvoir en place a enfin assuré que durant la manifestation de l’opposition, jeudi à Nouakchott, personne n’a été interpellé, affirmant que les libertés publiques sont garanties, et que personne n’est dérangé du fait de son opinion ou de sa position politique. Cette manifestation avait été sauvagement réprimée par les forces de l’ordre qui ont fait usage de lacrymogènes et de matraques, se soldant par plusieurs blessés, affirment des communiqués du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD). Les opposants au coup d’Etat regroupés au sein du FNDD, accusent le président du Haut Conseil d’Etat de mener campagne pour les présidentielles du 6 juin avant l’annonce de sa candidature prévue courant avril.Ces élections sont boycottées par le FNDD et le parti d’Ahmed Ould Daddah, chef de l’opposition sous le régime du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. M. Ould Daddah avait soutenu le coup d’Etat dans un premier temps avant de rejoindre le FNDD mercredi, dans son combat contre le coup d’Etat, protestant notamment contre l’agenda électoral unilatéral du pouvoir militaire en place. Devant ce qui semble bien être une stratégie de passage en force du général Mohamed Ould Abdel Aziz, le RFD (Rassemblement des forces démocratiques) estime qu’il est désormais urgent d’opposer une résistance démocratique à cette stratégie pour lui barrer la route.