La présidente argentine, Cristina Kirchner, a privilégié la continuité, après avoir succedé il y a cent jours à son mari Nestor Kirchner, sans guère innover dans la solution du problème économique numéro un pour les Argentins: l’inflation. Officiellement, la hausse des prix est restée limitée à 8,5% en 2007, à 0,9% en janvier et à 0,5% en février. Mais ces chiffres sont contestés par la majorité des économistes argentins, qui estiment l’envolée des prix à au moins 20% en rythme annuel. Le gouvernement de Nestor Kirchner, déjà confronté au même problème à partir de 2005, a privilégié la négociation branche par branche pour limiter les dérapages, assortie de la menace d’actions judiciaires brandies par le redouté secrétaire au Commerce intérieur Guillermo Moreno. Cette politique est toujours en vigueur et mise en oeuvre par le même fonctionnaire, même si ce dernier est de plus en plus critiqué pour ses «descentes» dans les entreprises jugées récalcitrantes. Dans ce contexte, l’image de la présidente argentine, si elle est toujours largement positive, a enregistré en mars une baisse, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, selon le cabinet de consultants Poliarquia. Mme Kirchner est créditée en mars par 47% des personnes interrogées d’une image positive quand ils étaient 54% en février dernier. «Cette baisse de popularité est directement liée à la préoccupation de l’opinion publique quant à la hausse des prix», a indiqué Eduardo Fidanza, un des responsables de Poliarquia.
Les Argentins attendaient un changement de style, sinon de politique, et sur ce point la présidente n’a pas répondu aux attentes, a expliqué M. Fidanza, pour qui la victoire en octobre de Mme Kirchner a surtout signifié la «réélection» du couple présidentiel. «Un gouvernement à deux têtes s’est installé à la casa rosada (maison rose), siège de la présidence argentine», a encore estimé ce politologue, en référence au rôle supposé de Nestor Kirchner dans la politique menée par son épouse.
• Olivier Baube (AFP)