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Proche-Orient : Gaza n’a pas le coeur à célébrer l’Aïd Al Adha

Six mois après la prise de pouvoir des islamistes du Hamas, le territoire palestinien reste frappé de sanctions économiques et la cible de raids israéliens quasi quotidiens contre des activistes. «Le monde islamique Fête l’Aïd Al-Adha (fête du Sacrifice) dans la joie, avec des réunions familiales, des voyages. Mais en Palestine, l’Aïd est placé sous le signe du sang et des martyrs», a déclaré mercredi Ismaïl Haniyeh, ancien Premier ministre limogé après le coup de force du Hamas en juin. «Nous ne sacrifions pas seulement nos bêtes, mais aussi nos vies, nos espoirs, nos jeunes et nos dirigeants», a ajouté devant des fidèles dans un stade de la ville M. Haniyeh, dont le mouvement prône la poursuite de la lutte armée contre Israël.
En temps normal, le sang des animaux immolés coulerait dans les rues de Gaza en souvenir du sacrifice accompli par le Prophète Abraham et l’on partagerait la viande avec ses proches et les pauvres du quartier. Mais cette année, rares sont ceux qui peuvent se permettre le rituel. Décrétant Gaza comme une «entité hostile», Israël, qui considère le Hamas comme un groupe terroriste, a paralysé l’économie de l’enclave de 362 km2 où s’entassent 1,5 million de Palestiniens. Rien n’en sort et rien n’y parvient plus à l’exception de biens humanitaires de première nécessité. «Nous avons dû acheter une vache plus petite, parce que c’est tout ce qu’on a. Le prix d’un kilo est passé de 11 shekels l’an dernier à 20 cette année», dit Ayman, un policier de 38 ans, en découpant la carcasse de l’animal. Il partagera la viande avec ses cinq frères et leurs familles, une soixantaine de gens au total, et, dans la tradition musulmane, en offrira un tiers aux plus nécessiteux. Dans une rue voisine généralement animée, les trottoirs sont vides et les boutiques fermées. Dans le froid du petit matin, un groupe d’hommes lavent le sang d’une vache sacrifiée dans un ruisseau.
Le souvenir des frappes aériennes israéliennes qui ont fait 12 morts à Gaza lundi et mardi est encore dans tous les esprits. Un missile visant une voiture transportant des activistes est tombé à quelques pâtés de maisons de là.
«Chaque année, les Juifs commettent un massacre quelconque et nous sommes tristes au lieu d’être joyeux. Nous voulons profiter de la fête mais nous pensons aux martyrs et à leurs familles», dit Azmi, 33 ans. La tête de la vache jonche le trottoir, à quelques mètres, les yeux grand ouverts, la langue pendante. Le Hamas a demandé aux habitants de Gaza de rejeter la relance des pourparlers de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne et de poursuivre le combat. M. Haniyeh les a appelés à suivre l’exemple d’Abraham, «de s’en remettre à Dieu, de prendre un couteau et d’être prêts à sacrifier un fils». Mais les destinataires du message semblent fatigués de la lutte. «Nous pouvons nous sacrifier, nous en sommes capables, mais pour combien de temps encore? Nous n’avons pas de perspective, nos enfants n’ont pas d’avenir», dit le frère d’Azmi, Naël, 30 ans, un commerçant père de deux enfants. «Comment tout cela va-t-il se terminer».

• Joseph Krauss (AFP)

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