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Sarkozy et Ahmadinejad se livrent à une guerre des mots

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A tous ceux que le sens de la comparaison chatouille, il est facile d’affirmer qu’au regard de l’évolution de leurs relations, Sarkozy et Ahmadinejad rappellent étrangement par leurs chamailleries par médias interposés, la sulfureuse relation qui liait George W. Bush et Saddam Hussein. Sarkozy ne rate aucune occasion de stigmatiser un leader jugé dangereux pour la paix dans le monde et Ahmadinejad semble décidé à répondre au coup par coup, quitte à s’isoler dans un étouffant et dangereux tête-à-tête. Quand, au faîte de la contestation iranienne, porté par un élan indigné, Sarkozy avait jugé publiquement que les Iraniens méritaient un autre leadership que celui d’Ahmadinejad, ce dernier vient de rétorquer avec les mêmes armes en affirmant que «que le peuple français méritait mieux que ses dirigeants actuels». Cet échange d’une grande violence vient  couronner une série d’attaques que Paris et Téhéran se livrent depuis que la crise du nucléaire iranien avait cristallisé la grande angoisse de la communauté internationale. De tous les pays européens, la France a été un des rares pays à exprimer une opposition aussi claire et aussi radicale contre l’obtention de l’Iran de l’arme nucléaire. Lorsque Sarkozy invite les Iraniens à éviter une alternative «catastrophique», à savoir choisir entre la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran, Ahmadinejad renvoie d’un revers de la main le président français dans les propos auxquels il voit «un manque d’expérience». Et quand le président français lance sa grande tirade qu’il lui était «impossible de serrer la main à quelqu’un qui a osé dire qu’Israël devait être rayé de la carte», le président iranien boude une rencontre décisive organisée par Paris sur l’avenir de l’Afghanistan. Deux éléments essentiels ont permis de grossir le trait et d’isoler la physionomie de  cette confrontation. Le premier est l’arrivée de Barack Obama. Le Président américain a davantage mis en lumière le fossé de plus en plus grand qui sépare les Français des Iraniens dans leurs joutes diplomatiques quotidiennes. Sarkozy est apparu comme le seul tenant en Europe de la ligne dure à l’encontre d’Ahmadinejad. Le second point de crispation est venu avec l’arrestation en Iran de Clotilde Reiss accusée d’espionnage. Après un procès théâtral, la voilà recluse à l’ambassade de France à Téhéran dans l’attente d’un procès, sans possibilité de quitter le pays. Reiss est devenue une véritable monnaie d’échange. Le Président iranien exige, en échange de desserrer son étau, la libération de certains prisonniers iraniens en France. L’allusion est faite en direction de deux hommes à qui Téhéran accorde une grande valeur. Le premier est Ali Vakili Rad qui, depuis 1994, purge une peine à  perpétuité dans les prisons françaises pour avoir assassiné l’ex-Premier ministre Chapour Bakhtiar. Le second est Majid Kakavand, arrêté par les Français à la demande des Américains qui le soupçonnaient d’acheter du matériel sensible sur Internet. De New York où il assistait à l’assemblée générale des Nations unies, Sarkozy a sèchement répondu à l’offre d’Ahmadinejad avec un «Non, c’est du chantage». «Clotilde Reiss doit être libérée. Elle doit pouvoir rentrer dans son pays… Il n’y aura pas d’échange», a tranché le Président français. Sarkozy a profité de cette intervention pour affiner son approche de la crise iranienne et même se fixer un ultimatum: «Je suis bien obligé de regarder, le dialogue ne prospère pas. Il y aura une date limite, dans mon esprit, c’est le mois de décembre».
 

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