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Sarkozy et Fillon se disent unis comme les deux doigts de la main

La question ne devrait même pas se poser mais elle taraude les esprits avec virulence et anime les dîners en ville avec obsession : François Fillon a-t-il encore un rôle à jouer auprès d’un président de la République qui vient de cannibaliser avec gourmandise son exécutif? Par deux gestes forts, l’interrogation de savoir à quoi sert le Premier ministre devient percutante. Le premier a été de formuler, à Versailles devant le Congrès réuni, une véritable déclaration de politique générale qui avait fait passer le Premier ministre pour un observateur étranger détaché de la réalité politique du pays. Le second, c’est quand il avait procédé à un grand remaniement ministériel qui a vu huit portefeuilles changer de titulaire sans que les observateurs puissent reconnaître l’influence de Matignon dans ces nouveaux castings. L’opposition avait tout de suite flairé le piège dans lequel Nicolas Sarkozy tentait d’enfermer les institutions. Une campagne de critiques a été diligentée contre François Fillon pour son impuissance et son incapacité. Un défi lui a même été lancé de venir engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. Ce à quoi, François Fillon avait tenté de répondre en utilisant l’arme de l’ironie : «Ces changements de personnes ne signifient pas un changement de politique (…) Il n’est pas question de changer de politique au milieu d’une crise aussi grave (…) Vous pouvez déposer une motion de censure, ce sera la troisième en deux ans (…) Ce sera d’ailleurs l’occasion d’éclairer les Français sur les propositions alternatives du Parti socialiste. Pour le moment, ils n’ont pas complètement discerné».
Parce que son autorité a été ostensiblement remise en cause, François Fillon est à la recherche de tous les moyens d’expression pour se ressaisir d’une équipe gouvernementale qui subit un effet tournesol irrésistible de la part de l’Elysée. Parmi ses moyens se trouve l’idée du séminaire gouvernemental qui s’est tenu dimanche. L’objectif d’une telle réunion est de permettre à François Fillon de dire à ses ministres que malgré la prééminence de la parole présidentielle, le Premier ministre garde une capacité d’organisation et de coordination de l’action gouvernementale. C’était d’ailleurs le sens de la remontrance qu’il a adressée à ses ministres sitôt connue la physionomie du gouvernement Fillon 4 : «Aucun ministre n’est là pour défendre son pré carré et encore moins son image personnelle (…) Les responsables politiques ne sont pas des stars. Ce sont des hommes et des femmes qui sont choisis à un moment de leur existence par les Français pour exercer une responsabilité». Les ministres, comme l’opposition, profitent de la mauvaise relation supposée entre Nicolas Sarkozy pour tenter d’agir sur le moral du Premier ministre. Et à tous ceux qui lui reprochent son immobilisme face à l’hyper action du locataire de l’Elysée, François Fillon tente de défendre sa démarche avec un excès qui en dit long sur sa blessure interne : «Qu’est-ce qu’ils veulent? Que le Premier ministre s’oppose au président de la République? (…) Le président de la République et moi nous sommes comme les deux doigts de la main (…) Aucun de ces commentateurs ni aucun de ces observateurs ne pourra glisser une feuille de papier à cigarettes entre nous».
Entre Nicolas Sarkozy et François Fillon, c’est une intense histoire d’estime et de rejet. Leur séparation était souvent envisagée, mais son impossibilité révélait leurs faiblesses respectives à travers leur interdépendance. Alors que François Fillon disait régulièrement qu’un mandat à Matignon qui couvrait l’ensemble du quinquennat avait sa préférence pour une plus grande efficacité du travail gouvernemental, le voilà qui estime que le simple fait de durer dans son poste est déjà une victoire contre les détracteurs et les envieux. Les vues les plus pessimistes pour François Fillon donnent son départ au lendemain des élections régionales de 2010. Nicolas Sarkozy aura besoin, à mi-mandat, d’une autre monture à chevaucher pour renouveler son bail à l’Elysée. En attendant, il pourra toujours jouer les reines d’Angleterre taciturnes le jour et bougonnes la nuit.

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