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Sarkozy, le remaniement comme issue de secours

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Sans exagération aucune, Nicolas Sarkozy est en train de vivre la séquence la plus douloureuse de son quinquennat. Le président traditionnellement volontaire, dynamique, architecte de son propre destin, maître de son propre agenda, en est réduit à subir les éclaboussures d’une grande tempête dont le centre névralgique s’approche dangereusement de l’Elysée. Surtout depuis que, ce qui est convenu d’appeler l’affaire Woerth-Bettencourt, du nom de cette possible collusion d’intérêts entre un ministre chargé de collecter les impôts pour nourrir l’Etat et un trésorier chargé de collecter les dons pour renforcer un parti politique, l’UMP, est en train de tourner à l’affaire Sarkozy et sa relation problématique avec l’argent. Les pontes de la majorité ne se sont pas trompés de diagnostic lorsqu’ils ont pressé, presque supplié, chacun avec une arrière-pensée propre, Nicolas Sarkozy, de se prononcer pour recadrer les choses et mettre cette crise en perspective. L’objectif était de ne pas laisser le terrain libre à l’opposition de jouer seule sur le terrain de l’inquisition et d’avoir le temps d’installer confortablement des convections de culpabilité. A l’exception d’une indignation épidermique contre ceux qui préfèrent investir dans la calomnie plutôt que de prendre à bras-le-corps les grands chantiers qui intéressent les Français, Nicolas Sarkozy a laissé tout le monde sur sa faim. Sa stratégie du moment semble se composer de deux paliers principaux : le premier est de faire monter le ministre du Travail Eric Woerth au créneau pour qu’il joue avec émotion la partition de la victime d’un harcèlement méthodique et d’une cabale mûrement programmée. Le second est de mobiliser sa majorité pour affirmer sur tous les tons que cette grande crise politique qui a été l’œuvre d’une majordome à l’oreille indiscrète et à l’enregistreur facile et d’une comptable à la mémoire aiguë, est le fruit d’une machination politique ourdie par l’opposition qui n’a pas trouvé d’autres moyens de la stopper dans ses réformes que de remuer les égouts. Pour le moment, Nicolas Sarkozy espère qu’à travers cette stratégie, il pourra alléger la pression qui augmente de jour en jour sur sa gouvernance au point de pousser amis et adversaires à évoquer la menace d’une grande crise de régime. Certains sont allés jusqu’à évoquer une République en danger. Ce constat est terrible pour quelqu’un qui voulait profiter de cette séquence pour regagner la confiance des Français et les préparer à sa sollicitation lors des prochaines présidentielles de 2012. A supposer qu’une telle recette ne parvient pas à refroidir l’atmosphère, il reste entre les mains de Nicolas Sarkozy un carte maîtresse pour pouvoir se relancer dans le jeu, c’est celle du remaniement prévu pour octobre mais dont la majorité le presse de le précipiter en juillet. Cette dernière carte est très précieuse et pour qu’elle soit efficace, Nicolas Sarkozy doit pouvoir trouver un Premier ministre et un casting gouvernemental idéal, de ceux qui sont capables d’absorber les tensions, d’apaiser les inquiétudes et de ressusciter les espoirs. Garder le même écuyer (François Fillon) avec un attelage aussi baroque (une ouverture boiteuse et démagogique) est de nature à aggraver d’avantage la situation. Le défi qui se pose pour Nicolas Sarkozy est de remodeler une machine à remonter la pente qui, avec le temps qui passe, devient de plus en plus raide.

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