Politique

Ramid, les Istiqlaliens et le Hammam

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Qui aurait parié que le Hammam provoquerait la suspension d’une séance parlementaire ? C’est pourtant devenu vrai depuis mardi dernier. Tout a commencé avec une question orale destinée au ministre de la justice et des libertés, Mustapha Ramid, sur le sort des rapports de la Cour des comptes.

De quoi réveiller des démons vieux de quelques jours entre le ministre et les responsables du parti de l’Istiqlal. Flash-back. Invité dans une émission télévisée la semaine dernière, Ramid évoque les démêlés avec la justice de deux élus istiqlaliens. Des propos qui font scandale au sein de l’Istiqlal qui se sent blessé.

Pour les parlementaires de l’Istiqlal, la séance hebdomadaire des questions orales est donc l’occasion rêvée pour prendre leur revanche sur le responsable gouvernemental. Prenant la parole, le député PI, Abdelkader El Kihel, accuse le ministre d’être sélectif concernant les dossiers déférés devant la justice.

«En tant que ministre de la justice vous avez une responsabilité politique et une autre judiciaire. Lorsque vous vous prononcez sur des dossiers se trouvant devant la justice, vos propos peuvent influencer la justice», a affirmé le député PI.

Ce dernier a profité de l’occasion pour s’interroger sur le traitement accordé à certains dossiers des collectivités locales dirigées par des élus du parti de la justice et du développement (PJD), le parti aux commandes de la majorité gouvernementale actuelle et qui se trouve également être le parti du ministre de la justice. «Il est tout de même incompréhensible que lorsqu’il s’agit d’un élu membre de l’un des partis de la majorité le dossier soit gelé, mais dès qu’il s’agit d’un élu de l’opposition, la procédure judiciaire soit enclenchée», a ajouté El Kihel. Dans sa réaction, le ministre a préféré aller vers la confrontation.

«En vous parlant de dépravation, j’ai touché le point qui vous fait le plus mal. Et je vous défie de former une commission parlementaire afin de vérifier directement si une sélection est exercée par le ministère concernant les dossiers transmis à la justice», a lancé Ramid, qui a poussé le bouchon encore plus loin. «Le milieu partisan comme le corps humain se voit naturellement pousser des saletés et a donc besoin d’aller régulièrement au Hammam pour s’en débarrasser», a poursuivi le ministre. Pour l’Istiqlal, c’est la déclaration de trop. Des accusations et des contre-accusations ont suivi provoquant un grand brouhaha dans la salle parlementaire alors que la séance était retransmise directement par la télévision publique.

Face à une situation qui commençait à déraper, la présidente de la séance, Rachida Benmasoud, a préféré suspendre la séance pour calmer les esprits. Ce genre d’incident est cependant loin d’être isolé. Des clashs ont lieu régulièrement, principalement entre les ministres et députés PJD avec les parlementaires du PI. Les deux partis semblent vivre difficilement leur «divorce».
En effet, l’Istiqlal était membre de la coalition gouvernementale dirigée par le PJD et formée le lendemain des Législatives anticipées de 2011.

Mais le parti a préféré avec l’arrivée de Hamid Chabat au secrétariat général quitter la majorité pour rallier l’opposition. Depuis, les relations sont très tendues entre les deux formations politiques, notamment au Parlement. C’est pour cette raison que ce qui vient de se passer lors de la séance du mardi risque de se reproduire dans le futur surtout que le pays doit organiser au cours de 2015 les élections municipales et régionales. La bataille politique et électorale entre Pjdistes et Istiqlaliens ne fait ainsi que commencer.

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