Société

Infanticide à Mediouna

Fatima est arrivée au terme de sa grossesse, en ce jour du mois de juin dernier. Bref, le nouveau-né allait faire son apparition d’un instant à l’autre.
L’attendait-elle avec joie ? Pas si sûr, puisqu’elle n’arrêtait pas de crier et de supplier Dieu de la sauver. Un jeune homme la soutenait pour faire des va-et-vient dans la chambre, lui demandant d’attendre un peu avant d’aller à l’hôpital. Il l’a aidée à mettre sa djellaba avant de sortir à la recherche d’un taxi pour se rendre à l’hôpital municipal de Médiouna, dans la périphérie de Casablanca. Toutefois, Mohamed a rebroussé chemin une fois qu’il l’a mise entre les mains d’une infirmière. Pourquoi ? Personne ne le savait à ce moment.
Lorsque l’infirmière a voulu lui parler, elle s’est aperçue qu’il avait disparu. «Est-il ton époux ?», a-t-elle demandé à Fatima. Celle-ci lui a répondu par la négative. “Je l’ai rencontré sur mon chemin et il m’a aidée quand il a remarqué mon état de santé“, lui a-t-elle affirmé. L’infirmière l’a interrogée aussitôt sur la date du début de sa grossesse, si elle suivait des examens chez un médecin ou si elle disposait de certificats médicaux. Elle lui a répondu n’avoir rien sur elle et n’avoir jamais consulté de médecin. Et elle lui a précisé qu’elle est enceinte depuis plus de deux ans ( !). Depuis, l’enfant qui est dans mon ventre ne bouge plus. “C’est un enfant endormi (Ragued)…“, a-t-elle affirmé, sans sourciller. Elle a supplié l’infirmière de ne ménager aucun effort pour la libérer de cet «endormi». Mais l’infirmière qui remarquait que la patiente avait beaucoup de peine à s’exprimer, ne l’a pas crue une seconde. Et elle l’a conduite à la maternité. Quelques heures plus tard, Fatima a mis au monde un beau nouveau-né. Il était en bonne santé et ne présentait aucune anomalie ni malformation. Deux heures plus tard, Fatima, qui pleurait toutes les larmes de son corps, a appelé l’infirmière. Celle-ci s’est dépêchée de venir vers elle. “Je ne sais pas ce qui est arrivé à mon fils, je crois qu’il est mort“, lui a-t-elle lancé, les larmes aux yeux. L’infirmière qui essayait de la calmer a “ausculté” le nouveau-né. Elle a senti que ce décès était suspect. Mais, elle s’est gardée de réagir et est allée appeler un médecin.
Ce dernier a remarqué également que le décès du nouveau-né était anormal, car quelques minutes auparavant, il était en bonne santé. Aussitôt, l’infirmière lui a raconté l’histoire de l’«endormi» dont la mère voulait se débarrasser. Des propos qui ont mis la puce à l’oreille du médecin. Ce dernier a alerté les gendarmes qui se sont dépêchés sur les lieux. Une enquête a été ouverte et le corps du nouveau-né a été transporté au service de la médecine légiste au CHU Ibn Rochd pour subir une autopsie, alors que la mère était soumise à interrogatoire.
Pressée de questions, elle a fini par cracher le morceau. “Je l’ai étouffé en mettant un drap en coton sur son visage“, a-t-elle avoué. Pourquoi ? Elle a expliqué aux enquêteurs qu’elle avait abandonné son mari depuis plus d’une année et demie et qu’elle a entretenu une relation adultère avec Mohamed qui l’a accompagné à l’hôpital avant de disparaître. Ils vivaient comme des conjoints au point qu’elle est tombée enceinte. Elle a tenté d’avorter. Mais en vain.
Lorsqu’elle a accouché, elle n’a pas voulu garder son bébé, qui, selon elle serait un péché qui souillerait sa vie. La solution ? le liquider en l’étouffant. Son amant est arrêté également. Il a avoué sa relation avec Fatima, mais nie l’avoir encouragée à tuer le nouveau-né. Tous les deux ont été traduits dernièrement devant la Cour d’appel de Casablanca poursuivis pour infanticide, adultère et complicité.

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