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Pour un joint, il tue son ami

«J’étais hors de moi, M. le président. Il m’a provoqué».
Par ces deux phrases, Hamid a tenté de justifier son crime. Alors que rien ne justifie un crime. Il semble qu’il avait l’intention de soulever tous les prétextes susceptibles de permettre aux juges de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Settat de lui accorder des circonstances atténuantes. Ce jeune de vingt-huit ans, célibataire, ne s’est pas disculpé tout au long de l’examen de son affaire qui a duré plus d’une heure.
« J’avoue que je l’ai tué. Mais, j’étais à la merci de la drogue», a-t-il précisé.
Hamid se tenait au box des accusés. Il croisait les bras tout en fixant le président de la Cour qui lui a demandé : «Est- ce qu’il t’ a provoqué ou tu étais sous l’effet de la drogue ?». Hamid a gardé le silence pendant quelques minutes comme s’il préparait une réponse. Mais, il a fini par avouer: «Les deux, M. le président».
C’est à son seizième printemps qu’il a abandonné les études. Il semble qu’il n’a jamais pensé à chercher un emploi pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille. Au contraire, il recourait à chaque fois à ses parents pour avoir l’argent nécessaire pour acheter des cigarettes .
«Je n’ai jamais travaillé, M. le président», a-t-il précisé au président de la Cour.
Ses parents ne lui reprochaient rien, puisqu’il est leur unique fils. Ils lui donnaient n’importe quelle somme d’argent qu’il réclamait. Au fil des jours, il a commencé à consommer de l’alcool, puis du haschich pour devenir enfin leur esclave. Il ne pouvait pas passer sa journée sans prendre sa dose quotidienne de haschich.
«Je consommais du haschisch, entre trois et cinq joints par jour», a-t-il affirmé devant la Cour. Saïd était son voisin, avec qui il passait la majorité de son temps au quartier. Il était son aîné de deux ans, sans profession et célibataire.
«Nous étions toujours ensemble. Parce que nous sommes tous les deux des chômeurs», a-t-il ajouté. Faute d’argent nécessaire pour acheter sa dose de haschich, Saïd profitait de la générosité de Hamid. Celui-ci lui donnait de quoi acheter un joint ou lui permettait de prendre en sa compagnie sa dose.
«Mais, il m’a subtilisé un joint», a-t-il expliqué à la Cour.
Hamid avait le dernier joint dans sa poche. C’est du moins ce qu’il croyait. Car Saïd croyait qu’ils l’ont déjà fumé.
«Je lui ai demandé de me rendre le joint. Mais, il a refusé affirmant qu’il n’en dispose pas. Alors j’étais certain qu’il l’a subtilisé», a-t-il ajouté. Hamid a reproché à Saïd d’avoir dérobé le joint. Il l’a même violenté en le giflant. Saïd l’a poussé. Hamid qui s’est renversé par terre s’est tenu debout pour cracher sur le visage de Saïd. Celui-ci, hors de lui, a saisi un couteau qu’il dissimulait sous les vêtements qu’il portait. Perdant tout contrôle de ses nerfs, il a tenté d’asséner un coup à Hamid qui a reculé d’un pas avant de l’attaquer avec un couteau qu’il portait lui aussi.
«Je ne savais pas comment je suis arrivé à lui donner ce coup mortel», a-t-il dit tout en exprimant son regret d’avoir tué son copain. Un regret qui ne ressuscite pas Saïd.
Verdict : dix ans de réclusion criminelle tout en bénéficiant des circonstances atténuantes.

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