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Conférence nationale à Tanger : Diagnostic de la situation de la culture dans les médias

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Un projet de décret relatif au soutien à la presse pour encourager la culture et la lecture est déjà déposé au Secrétariat général du gouvernement. L’objectif ultime étant de créer une société cognitive et une industrie culturelle.

«La culture a besoin d’un plaidoyer fort pour ne pas être laissée pour compte». Les propos de Mohamed Laaraj, lors de la conférence nationale intitule «Quelle chance pour la culture dans les médias ?» organisée tout récemment à Tanger par le Centre méditerranéen des médias, sont judicieux. Ils le sont de par le manque d’intérêt à la culture et la lecture. A propos du sujet de l’événement, le ministre de la culture et de la communication, dont le département est partenaire à l’événement,  précise qu’il est indispensable de trouver des solutions à cette problématique.      

Les annonces de M. Laaraj

Pour le ministre, qui indique que les annonces culturelles sont rares et insatisfaisantes dans les médias malgré le foisonnement de la production littéraire, des initiatives seraient assez intéressantes. Dans ce sens, il propose des programmes stables en heures de pic». Au niveau de son département, M. Laaraj cite la préparation du projet de loi relatif à l’audiovisuel, la révision des cahiers des charges et du contrat programme avec la SNRT, ainsi que celui avec les éditeurs de presse. Mieux encore, il annonce l’organisation, en avril prochain, du 1er forum consacré aux médias culturels. Et ce n’est pas tout ! Le ministre précise qu’un projet de décret relatif au soutien à la presse pour encourager la culture et la lecture est déjà déposé au Secrétariat général du gouvernement. L’objectif ultime étant, selon ses dires, de créer une société cognitive et une industrie culturelle. Des offres qui ont eu un bon écho chez les participants à la rencontre.

Avis divisés

Ce soutien à la presse qui incite à la lecture est apprécié par le poète et directeur de la revue «La culture marocaine», Salah Bousrif, qui propose un soutien aux suppléments culturels hebdomadaires. Pour l’heure, ces suppléments dans la presse écrite sont devenus, à ses yeux, «light» et souffrent de «crise» après avoir connu un essor bien qu’ils aient été «politisés» dans certains cas. D’ailleurs, ces suppléments ont, comme le rappelle le public présent à la rencontre, permis aux lecteurs, pour une bonne période, de connaître plusieurs auteurs. Quant à la presse électronique, elle constitue, selon Abdellatif Ben Sfia, professeur à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC), «l’exception puisqu’elle peut créer un impact». Pour lui, la situation de la culture n’a pas vraiment changé depuis une trentaine d’années. Dans la presse écrite, la culture a toujours été présente. Dans les médias, il existe quelques émissions à valeur ajoutée ; cependant elles sont, selon ses dires, marquées par l’interférence entre le culturel et le ludique. «La présence de la culture est faible dans les médias alors qu’elle a toutes les chances d’y être», précise M. Ben Sfia.

L’enseignement pointé du doigt

De son côté, l’ex-ministre de la culture, Bensalem Himmich, qui propose la création d’une agence de notation des critères de la situation des médias et de la culture, ne manque pas de pointer un autre secteur. «Le problème de la culture émane de l’enseignement», tranche-t-il. Pour lui, le département de la culture ne crée pas celle-ci, il l’accompagne plutôt. C’est, à son sens, aux intellectuels de créer la culture. L’ex-ministre, qui évoque certains clashs lors de son mandat, n’hésite également pas à susciter la problématique du budget timide alloué à la culture.                       

Les éditeurs également blâmés

Egalement de la partie, l’écrivain et présentateur sur les chaînes «Al Aoula» et «Alghad», Yassin Adnan, estime que l’émission culturelle est une médiation entre le producteur du livre et le consommateur, soit le lecteur. «C’est le programme télévisé qui présente le livre au spectateur et lecteur. Cependant, les émissions ne sont pas soutenues par les producteurs de livres qui n’adressent pas les publications aux médias», précise-t-il. M. Adnan, également poète, qui pointe aussi du doigt le manque de lectorat, ne manque pas d’établir des comparaisons entre des émissions culturelles marocaines et celles étrangères qui sont fort appuyées par des maisons d’édition. A propos de la situation de la culture dans le pays, l’auteur marocain estime que c’est à l’Etat d’intervenir dans le secteur. «Il faut parier sur la télévision. Nous avons besoin d’investissement en culture à la télévision ainsi que d’une vision culturelle tout en considérant la culture comme levier pour la télévision», enchaîne-t-il. Par l’occasion, il cite l’exemple des deux touristes tuées récemment. Pour lui, ce fait est dû à un manque de culture.

Cela étant, l’événement était également marqué par une table ronde consacrée aux difficultés rencontrées par les journalistes en charge de rubriques culturelles. Une rencontre dont le succès est fort espéré par le président du centre initiateur, Abderrahim Zebakh.

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