Société

« Les élus manquent de formation »

Aujourd’hui Le Maroc : Comment qualifierez-vous l’action communale au Maroc ?
Abdelkader Abassi : Vaste question. Un président de commune, dès qu’il prend ses nouvelles responsabilités, se doit d’abord de procéder à une évaluation globale de sa circonscription, de l’infrastructure de base aux équipements socio-éducatifs en passant par les espaces verts et les installations sanitaires…C’est en fonction des résultats de cet inventaire qui ne doit exclure aucun secteur urbain mais aussi du budget dont il dispose que le président de commune est censé mener son action de maire élu selon les priorités. Pour la mise en oeuvre de son programme, il s’entoure des cadres de la commune : urbanistes, fiscalistes, architectes, ingénieurs, juristes, etc…Pour réussir dans sa mission, le président doit travailler en équipe avec ces cadres techniques appelés à agir sur l’environnement. L’étape suivante consiste pour lui à se réunir avec les différents conseillers pour discuter avec eux l’opportunité de telle ou telle action sur le plan politique.
Mais pourquoi les communes ne sont pas gérées de cette façon sur le plan pratique ?
Ceci a un lien direct avec le choix des hommes. Depuis la Charte communale de 1976, le Maroc a-t-il eu un personnel communal à la hauteur ? Une commune c’est comme une entreprise. Celui qui en devient responsable ou directeur est appelé à la gérer au mieux avec son potentiel humain et ses différentes contraintes pour présenter en fin de mandat, un bilan positif.
Nombre de présidents et de conseillers communaux se comportent avec la commune comme si celle-ci était une affaire personnelle qu’ils exploitent pour leurs propres intérêts. Comment changer la tendance ?
Le mal vient du fait que le ministère de tutelle n’exige pas du président d’un conseil municipal une obligation de résultat au terme de son mandat.
Selon vous, la responsabilité incombe au ministère de l’Intérieur ?
À mon avis, la responsabilité est partagée entre les partis politiques et le département de tutelle. Les partis sont responsables parce qu’ils méconnaissent le rôle déterminant de l’action locale dans le développement. Et les pouvoirs publics parce qu’ils ne contrôlent, ni évaluent le travail de l’élu. Quant au président, il dispose d’un pouvoir exorbitant dans les textes. Mais ce qui lui manque c’est la formation.
Je pense que les walis doivent disposer de leur propre programme pour la ville dont ils ont la charge. Un programme qu’ils puissent comparer avec celui du conseil municipal et voir si les deux programmes vont dans le même sens, à savoir l’intérêt de la collectivité.
L’action de la wilaya et de la commune doivent être complémentaire et pas contradictoire.
Faut-il confier la chose locale aux Walis en lieu et place des communes, le temps que celles-ci subisse la réforme nécessaire ?
Je ne pense pas que ce soit une bonne chose. Les deux parties ont intérêt à travailler en bonne intelligence de manière à ce que l’une complète l’action de l’autre. L’un des handicaps majeurs dont ont souffert les collectivités locales c’est le morcellement du territoire, notamment urbain. Ce qui s’est traduit par un manque de cohésion dans la réflexion.
Que pensez-vous du projet de réforme du Dahir de 1976 ?
C’est une réforme politique qui occulte l’essentiel : la gestion technique des villes.

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