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La fusion ne veut pas dire confusion

© D.R

ALM : On dit souvent que le Flamenco est plus qu’un mode de vie, voire une raison d’être, qu’une simple expression musicale. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Tito Losada : Le flamenco est toute ma vie. A l’image de tout mon peuple, c’est ma façon d’être. Le flamenco c’est se coucher très tard, se réveiller tard, faire la fête…tout en chantant. Le flamenco, c’est rencontrer des gens qui chantent et qui dansent tout le temps et là où on passe. C’est voyager avec une mallette qui contient toujours une guitare. C’est dîner en famille ou entre amis pour, après, prendre une guitare et commencer à en jouer et à chanter. C’est la fête et le partage à l’infini. Le plus important dans le flamenco est la guitare. Ceci pour une simple raison. Je peux passer des heures, tout seul ou sous le regard des autres, dans l’intimité ou en public, jouer de la guitare, sans m’ennuyer ni me fatiguer.
Vous avez conçu pour Mawâzine Alma Gitana ou l’Ame Gitane, un spectacle qui met en valeur l’essence gitane et où le mot d’ordre n’est autre que l’émotion, forte, énergétique, pure. D’où tenez-vous une telle passion ?
El flamenco est une musique du peuple. Elle n’est ni meilleure ni moins bonne que les autres musiques. Elle est unique. Elle a beaucoup à avoir avec la musique arabe. Ces racines arabes se sont mélangées avec d’autres pour finalement donner lieu, et entre autres, à l’émergence du flamenco. Comme dans toute expression artistique, on y retrouve l’expression de la peine, de l’amour, du désamour, avec toute l’intensité que ces mots supposent, mais selon nos propres caractéristiques, notre propre nature. Et c’est le flamenco qui exprime le mieux nos sentiments.
Peu populaire en dehors de l’Espagne qu’il y a quelques années, le flamenco connaît actuellement une véritable mondialisation. Qu’est-ce qui a été derrière tant de succès international ?
Il est vrai que le flamenco était comprimé en Espagne, et ce pendant des siècles. Cela fait une trentaine d’années que je voyage dans les quatre coins du globe et j’ai eu la chance d’assister à cette « mondialisation ». Et je peux vous dire que le problème qui se posait avant était lié au manque de médiatisation du flamenco. Il n’y avait ni chaînes satellitaires, ni Internet… Maintenant, tout a changé. Les personnes curieuses peuvent tout savoir sur le Flamenco à travers ces moyens de communication. Mieux encore, elles peuvent commander tout ce qui leur plaît et l’avoir en CD ou en DVD. Les gens ont tout simplement appris à connaître le flamenco.
Le flamenco fait également l’objet d’un autre phénomène, à savoir celui des fusions, au risque d’être quelque peu dénaturé. Qu’en pensez-vous ?
Pour moi il y a deux choses, la fusion et la confusion. La fusion est réussie quand on se connaît mutuellement, quand on a des éléments sur la musique, la culture de cet autre avec lequel on veut créer une fusion. C’est important. Je ne peux pas, par exemple, parler de fusion entre flamenco et musique russe, pour la simple raison que je ne connais rien à cette musique, encore moins à cette culture.
Je crois que le problème vient de la confusion qui peut s’établir suite à une méconnaisse, ou mauvaise connaissance de l’autre. C’est là où se trompe, on trompe les gens et où on court le risque de tout dénaturer. Il ne faut pas faire une fusion pour faire une fusion. Il ne faut pas le faire juste pour plaire, ou pour mieux se vendre.
Votre présence au Maroc intervient quelques mois après les attentats de Madrid, que des Marocains sont accusés d’avoir commis. Y a-t-il un message derrière cette présence ?
Ce qui s’est passé en Espagne aurait pu être l’oeuvre de n’importe qui, peut importe sa nationalité, sa religion ou ses convictions. Encore là, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une confusion, due à une méconnaissance du peuple marocain. Dans votre pays règne beaucoup d’amour, de bonnes manières, d’éducation et d’humilité. Cela m’importe peu que ce soient des Marocains qui auraient commis ces attentats. Dans toutes les nationalités et religions, il y en a quelques uns qui tournent mal. Je ne vais quand même pas sacrifier tout l’amour que je porte à ce pays parce que des Marocains auraient «mal tournés». Je suis gitan, donc j’aime le Maroc.

Tito Losada ou l’âme gitane
La star du flamenco gitan, Tito Losada, a conquis le public de la capitale par ses concerts organisés à l’occasion de la troisième édition du Festival Mawazine: Rythmes du monde (18-26 mai). Tito Losado a réussi à faire vibrer la foule au travers de Alma Gitana ou l’âme Gitane, un spectacle qu’il a conçu et qui met en valeur l’essence gitane non seulement comme mode de vie, mais aussi comme raison d’être. Des spectacles agrémentés, dans un déploiement d’énergie communicatif, par des danses et des pas rythmés qui dégagent toute la sensualité du flamenco, qui désigne une forme de vie très exclusive et un état d’esprit particulier. Comme tous les gitans, Tito Losada appartient à un « clan ». Le clan des Losada regroupe un grand nombre de musiciens, chanteurs et danseurs. Dédiés corps et âmes au flamenco.
Avec ses deux frères, Tito Losada fonde une compagnie et parcourt le monde pour chanter sa joie de vivre, la gloire de ses origines et de sa culture, imposant un style très personnel au spectacle flamenco et n’hésitant pas à faire des incursions vers la musique arabe ou à faire appel à des musiciens arabes.

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