Le constructeur allemand Opel, filiale de l’américain General Motors au bord de la faillite, a demandé à l’Etat allemand et à des gouvernements régionaux de se porter garant pour assurer son financement, a indiqué son patron Hans Demant, vendredi, à l’édition en ligne du quotidien Handelsblatt. En octobre, les ventes de voitures neuves en Europe ont plongé de 14,5% sur un an à 1,134 million, après des chutes déjà de 8,2% en septembre et 15,6% en août, selon des chiffres publiés par l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). Sur les dix premiers mois de l’année, le recul se chiffre à 5,4% avec 12,85 millions de véhicules immatriculés. «Reflétant la crise financière et économique, le nombre d’immatriculations de voitures recule maintenant depuis six mois consécutifs, et de manière plus notable depuis l’été», souligne l’ACEA. Le secteur souffre du ralentissement économique, des difficultés pour obtenir des crédits en pleine crise financière, et des carburants chers, malgré la baisse toute récente des prix à la pompe. L’entrée en récession désormais officielle de la zone euro ne va rien arranger. Christian Streiff, patron du français PSA Peugeot Citroën et président de l’ACEA, a prévenu, fin octobre, que la baisse des ventes serait «probablement beaucoup plus (importante) au quatrième trimestre» qu’au troisième. «Nous n’avons jamais connu une crise aussi grave», a reconnu, vendredi, le patron du groupe allemand Daimler, Dieter Zetsche, «cela n’a pas de sens de produire des voitures pour les laisser au parking». La plupart des grands constructeurs européens réduisent fortement leur production, avec des arrêts d’usines et du chômage technique autour de Noël. Ils commencent aussi à supprimer des emplois. Le suédois Volvo Cars en a annoncé 6.000 depuis juin. Son compatriote le groupe Volvo (poids lourds, moteurs) en est à 3.750 depuis fin septembre, dont 900 cette semaine. Et Nissan vient d’annoncer 1.680 licenciements en Espagne. La crise gagne aussi les sous-traitants, fabricants de pneus ou de moteurs, mais aussi le secteur de l’acier qui réduit massivement sa production. Le marché automobile européen n’est pas plus touché par la crise que le Japon ou les Etats-Unis. Mais les constructeurs européens craignent d’être désavantagés face aux concurrents américains, auxquels Washington a promis 25 milliards de dollars de prêts à taux réduits. La promesse reste à concrétiser, mais le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a prévenu que l’UE saisirait l’OMC «si c’est une aide d’Etat illégale». L’ACEA a, elle aussi, réclamé 40 milliards d’euros de prêts à taux réduits pour financer le développement de véhicules plus verts. Et les constructeurs demandent des primes à la casse ou des incitations fiscales, pour encourager les consommateurs à changer de voiture. L’Allemagne, sollicitée notamment par Opel et Ford, veut exonérer de taxe annuelle sur les véhicules, pour une durée limitée, les voitures neuves qui seraient achetées au premier semestre 2009. Mais le plan est moins ambitieux qu’espéré. La crise pourrait toutefois apporter une chose aux constructeurs: la réduction des objectifs controversés que Bruxelles veut leur imposer pour lutter contre le réchauffement climatique. Les gouvernements européens se sont entendus début novembre pour leur accorder trois ans supplémentaires, jusque 2015, pour réduire la pollution des voitures. Les Eurodéputés doivent encore donner leur accord.