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8 mars : La lutte continue

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Le 8 mars n’est pas une fête pour célébrer la femme ou de donner dans des manifestations de joie et de célébration. Le 8 mars, c’est la journée mondiale de défense des droits des femmes. C’est une journée qui doit nous faire prendre conscience du statut de la femme et de la condition féminine dans notre société.

Pour savoir d’où vient l’idée de cette journée de revendications, il faut remonter au début du 20e siècle, en pleine période des luttes ouvrières et des manifestations de femmes en Europe et aux États-Unis, réclamant non seulement le droit de vote, mais aussi des conditions de travail équitables et l’égalité entre les hommes et les femmes. Depuis les suffragettes dès 1903 au Royaume-Uni, ces mouvements ont agité l’Europe au fil des ans, sans vraiment parvenir à obtenir gain de cause sur tous les fronts. La création d’une «Journée internationale des femmes» est proposée pour la première fois en 1909, le dernier dimanche de février, lors de la conférence internationale des femmes socialistes aux Etats-Unis, et en 1917 avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg qui marque le début de la révolution russe, la tradition du 8 mars se met en place, confirmée par Lénine en 1921. Cette «Journée internationale des femmes» est reconnue officiellement par les Nations Unies en 1975, et elle reste une journée de manifestations à travers le monde. Elle reste surtout l’occasion de faire un bilan sur l’évolution de la condition et des droits des femmes.
Il faut aussi préciser ici un point important sur la naissance de cette journée de lutte et de prise de conscience. C’est en 1910, durant la deuxième conférence de l’Internationale des Femmes Socialistes réunie à Copenhague, que Clara Zetkin, en qualité de présidente, propose d’organiser chaque année au mois de mars une Journée consacrée à la lutte pour les droits des femmes. La proposition est acceptée à l’unanimité et l’Internationale décide que l’objectif principal sera la lutte pour le droit de vote, jugé comme le droit le plus urgent à conquérir pour les femmes dans le système capitaliste. Plus précisément les femmes de l’Internationale comptent lutter pour un suffrage universel : il s’agit d’une grande nouveauté, puisque les organisations de femmes bourgeoises et libérales se bornaient le plus souvent à lutter pour un accès des femmes au droit de vote au suffrage censitaire. Clara Zetkin affirme l’importance de ce droit politique, qui permettrait de se rapprocher davantage des droits des hommes prolétaires afin de lutter côte à côte avec eux pour la révolution et la mise en place du socialisme. C’est grâce à ce travail que vont suivre d’autres mouvements.
Suivant l’exemple de Clara Zetkin et des autres femmes de l’Internationale Socialiste, puis de l’Internationale Communiste, de Nadejda Kroupskaia, Louise Saumoneau, Angelica Balabanoff, Alexandra Kollontai, dans tous les pays du monde d’autres figures féminines vont porter l’urgence d’un 8 mars revendicatif pour l’égalité et l’équité. Un chemin de croix pour la grande majorité des femmes dans un monde de plus en plus machiste et patriarcal.

Un simple tour d’horizon chez nous au Maroc et ailleurs dans ce monde de plus en plus rétrograde nous montre à quel point la lutte est cruciale et que le chemin des libertés des femmes est long et difficile.

Nous sommes pourtant en 2023. Mais un simple tour d’horizon chez nous au Maroc et ailleurs dans ce monde de plus en plus rétrograde nous montre à quel point la lutte est cruciale et que le chemin des libertés des femmes est long et difficile.
Dans ce sens, il faut encore et toujours dénoncer les inégalités salariales, les violences quotidiennes, la stigmatisation, le harcèlement, l’esclavage, la confiscation des libertés fondamentales, la protection de l’intégrité morale et physique des femmes, le droit à la scolarité, le non massif au mariage des mineurs… Autant de graves dérives que subissent encore les femmes aujourd’hui, non seulement au Maroc, mais partout dans le monde. À la lumière des réalités d’aujourd’hui, malgré tous les slogans égalitaires de façade, y a-t-il vraiment une réelle volonté politique pour atteindre ce but qui s’éloigne chaque jour davantage de l’égalité et de l’équité dans notre société ? A-t-on pris la pleine mesure de tous les handicaps que cela occasionne à la bonne marche de la société marocaine dans toutes ses manifestations ? A-t-on compris que la femme est un pilier solide de toute société digne de ce nom, et que sans un apport effectif de la femme, toute société qui limite le champ d’action des femmes restera une société bancale, arriérée et anachronique? A-t-on réellement saisi que sans respect des femmes, sans protection de nos jeunes filles, nous sommes en train de construire un Maroc défaillant pour les générations futures en consacrant encore et toujours des comportements hérités d’autres âges sous des haillons de fausse modernité ? A-t-on également pris la pleine mesure que toute violence à l’égard des femmes est une agression irréparable à l’égard de nos mères, de nos sœurs et de nos filles ?
Ce sont là quelques questions auxquelles nous devons, tous, chacun à son niveau, essayer d’apporter des éléments de réponse pour ne pas plonger les yeux fermés dans les célébrations vides de teneur pour une journée qui doit être aussi synonyme de tragédie tant que la femme est encore vue du prisme du machisme le plus primaire et le plus criminel.

Par Dr Imane Kendili 
Psychiatre et auteure

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