Chroniques

Hors-jeu : On n’abat pas les champions

Il dégaine rapidement, tire à l’aveuglette et rate toujours sa cible pour causer d’énormes dégâts. Que ce soit dans ses fermes de Berkane, sur un plateau de télévision nationale ou à Lausanne, Zurich ou à Paris. Il est maladroit dans tous les domaines sauf quand il est sur une piste d’athlétisme où il reste le maître incontesté au niveau mondial. Il est le roi des 1500 mètres. Mais il bat le record du monde dans les ratages quand il ouvre la bouche pour émettre son avis, même quand on ne le lui demande pas. C’est triste, mais ce champion hors pair perd beaucoup d’énergie et surtout nuit énormément à sa réputation par ses excès de langage. Hicham El Guerrouj aurait beaucoup à gagner s’il se concentrait sur les records du monde, les championnats du monde, les meetings ou l’or de la Golden Ligue. Mieux encore, il devait orienter tous ses efforts sur les jeux olympiques dont il n’a pas encore savouré le goût du précieux métal.
Une carrière sportive est éphémère et Hicham a tort de falsifier l’histoire de l’athlétisme marocain en fixant son point de départ à l’année 1992. C’est du faux et de l’usage de faux. L’ascension de l’athlétisme national n’a pas commencé avec Khalid Skah comme le prétend Hicham. Certes, Skah fut un grand champion qui est le premier à avoir maté l’armada kenyane. Mais il faut être aveugle, sourd et muet pour oublier que ce sont bel et bien Nawal El Moutawakil et Said Aouita qui ont été les précurseurs de la mondialisation de l’athlétisme national. Mieux encore, Nawal fut la première femme arabe, africaine et musulmane à remporter une médaille d’or dans l’histoire des J.O.
Son nom restera gravé à jamais dans les tablettes de l’athlétisme mondial. Tout comme celui de Said Aouita qui, outre ses cinq records du monde, détient toujours le record de victoires du Grand Prix de l’IAAF depuis 1989. Comme quoi Hicham El Guerrouj cultive sciemment l’ignorance par un esprit d’animosité incompréhensible. On ne change pas l’histoire.
Comme Hicham ne peut pas abattre Brahim Boulami même si le dopage à l’EPO a été confirmé par la deuxième analyse. Hicham pousse l’effronterie jusqu’à vouloir orienter les sentiments de l’opinion publique marocaine en disant : «je pense que personne ne peut plus soutenir Boulami maintenant que l’échantillon «B» a confirmé qu’il y a eu dopage. En tant que champions, on doit être des exemples pour la jeunesse.» C’est bien dit sauf que celui qui veut donner des leçons d’éthique et d’honnêteté en a bien besoin, lui qui a soulevé un tollé général quand il a acquis deux fermes à Berkane. On n’abat pas les ouvriers quand on est un bon patron, surtout quand il est flanqué du titre de champion mondial censé avoir l’esprit sportif.

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