Economie

150 millions de dirhams pour sortir la tête de l’eau

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Avec ses 65.000 adhérents, sa place centrale dans le système du transport routier au Maroc et son caractère mutualiste rare – 4 à 5% du secteur des assurances-, la Mutuelle d’assurance des transporteurs unis  (MATU) méritait le débours. C’est chose faite depuis lundi quand, au siège du ministère de l’économie et des finances, il a été procédé à la signature d’une convention de prêt de 150 millions de dirhams pour  l’aider à se remettre en selle. Au vrai, un viatique octroyé par le Fonds de solidarité des assurances (FSA) à des conditions inespérées : onze ans et, pas d’intérêt à régler. De surcroît, des subsides déterminants, vitaux mêmes, la MATU ayant traversé une passe particulièrement difficile.

Ces écueils, le ministre de l’économie et des finances qui a ouvert la cérémonie de signature les a évoqués en termes graves : la situation était telle que la MATU ne pouvait espérer continuer sans restructuration.  Il a donc fallu proposer un plan de redressement et le faire entériner par une commission paritaire ad hoc. La révision déchirante a duré un an. Ce qui a fait dire au ministre que la gestation a été difficile, mais que le résultat a été à la hauteur des espérances. En invitant les membres du conseil de surveillance de la mutuelle présents à s’inscrire en plein dans le plan de redressement, le ministre les a rappelés à leur obligation de bonne gouvernance, qualifiée par lui de contrepartie essentielle du prêt.

Mohamed Boussaid qui s’est félicité de la volonté des mutualistes d’assainir la situation financière de leur organisme et de consolider sa présence sur le marché de l’assurance marocain, s’est aussi réjoui de leur souhait de moderniser ses outils et ses pratiques de gestion de manière à la rendre apte à tenir ses engagements vis-à-vis de ses assurés. Le ministre a jugé que l’existence d’opérateurs mutualistes est nécessaire à la diversification du marché des assurances au Maroc et que celle-ci est un facteur de compétitivité et de performance essentiel. «C’est pour toutes ces raisons que je crois que ce plan de redressement renferme les germes de sa réussite», a affirmé le ministre qui a conclu par cette mise en garde : «Si on peut envisager qu’une mutuelle d’assurance ne fasse pas de profit, il est préférable qu’elle ne soit pas non plus en déficit».

Selon le directeur de la division des assurances et de la prévoyance sociale au ministère de l’économie et des finances (DAPS), c’est la 2ème fois dans l’histoire récente du secteur des assurances qu’un plan de redressement est mis en œuvre pour en repêcher un des opérateurs. Le premier plan ainsi que les premiers redressements judiciaires datent des années quatre-vingts, époque où l’affaire dite de la CAT avait défrayé la chronique.

Curieusement, c’est vers ces années-là – 1984-  que la MATU est née. Le chef de la DAPS a cependant exclu l’éventualité du recours à cette extrémité à l’avenir. Pour deux raisons, a-t-il affirmé : parce que c’est le dernier recours et, parce que l’autorité de contrôle qui se substituera prochainement à la Division sera dotée de moyens d’intervention plus efficaces.

De source proche du dossier, «on précise que c’est à la suite de la détérioration de la situation financière de la MATU que, conformément à l’article 254 de la loi n° 17-99 portant code des assurances, cet organisme a été invité à présenter un plan de redressement et un rapport d’audit. Ce dernier document a montré que sa solvabilité a accusé un déficit de 93 millions de dirhams au 31 décembre 2011. Une situation due pour une grande part à une faible gouvernance et à une tarification insuffisante. Selon la même source, «la MATU a présenté un plan de redressement qui a été soumis à la commission paritaire instituée par l’article 257 de la loi n° 17-99» qui a proposé d’approuver le document et «de faire bénéficier la mutuelle d’une aide financière de 150 millions de dirhams imputée sur le Fonds de solidarité des assurances (FSA)».

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