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Plan de relance économique: La prudence doit être de mise !

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Le Maroc a l’opportunité de mettre en place des actions nouvelles comme un nouveau contrat social avec l’institutionnalisation d’un système d’aide social permettant le passage de l’informel au formel.

Lors du webinaire organisé par l’APD, Khalid Benomar, chargé de mission auprès du chef de gouvernement explique, à travers des benchmarks pays, selon les modèles économiques, que le Maroc ne doit pas prendre des décisions hâtives et que la relance économique proprement dite devra être graduelle et annonciatrice d’un plan d’avenir à terme. Retour sur les faits marquants d’une intervention pas comme les autres…

Après la première rencontre avec Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, qui a présenté en avant-première la vision du patronat sur la relance économique, l’Association pour le progrès des dirigeants (APD) donne la parole, cette fois-ci, à Ahmed Khalid Benomar, chargé de mission auprès du chef de gouvernement et coordonnateur du pôle en charge de la politique économique et de l’investissement. D’entrée, l’homme donnera le ton en marquant une rupture avec les différentes lectures de la crise.

Il recommande, en effet, une attitude plus tempérée qui décélère le pas vers le changement, jugé trop prématuré… Pour lui, «le premier enseignement à tirer de cette situation exceptionnelle est de renforcer les outils institutionnels de gestion de crise à la fois au niveau des entreprises et des administrations». L’expert fera remarquer que très peu d’opérateurs, au Maroc, possèdent des plans de continuité en bonne et due forme. C’est un fait : les Etats, comme la Russie, qui avaient des départements dédiés à la gestion de crise, ont été mieux préparés.

L’hypothèse qui revient au fil de l’actualité, liée au fait que le monde connaîtra de plus en plus de crises dans l’avenir a été, également, mise en avant par l’expert. Il ne faudrait donc pas faire une mauvaise lecture de la crise en pensant que c’est la fin d’un certain nombre de choses en ne mettant en avant que l’avènement du digital. A l’échelle du globe, trois types de réponses à la crise ont été avancés, à savoir celles reposant sur les marchés structurés comme celui d’Allemagne; celles liées aux marchés libéraux comme celui des Etats-Unis et enfin, celles des marchés émergents comme le cas du Maroc. La philosophie de chaque pays diffère en fonction des différents modèles. L’expert rappellera le cas emblématique de l’Allemagne pour qui l’Etat est allé vers les entreprises pour préserver l’emploi et préserver une certaine stabilité à tel point que le chômage en temps de crise n’a augmenté que de 1% par rapport au taux initial.

Dans le cas des pays libéraux, la réponse a été d’aider les ménages pour entretenir la consommation tout en laissant mourir les entreprises qui ne sauraient relever le défi. La réponse des pays émergents qui sont assez proches du cas du Maroc renvoie à la protection des ménages à travers la mise en place d’avantages fiscaux pour permettre de maintenir la demande. Sans transition, le chargé de mission auprès du chef de gouvernement insistera sur le fait qu’«il est très dangereux d’estimer que le pays a achevé la planification alors que la crise est encore en cours». La France en est, en effet, à sa troisième loi de Finances rectificative.

En clair, il s’agira de ne pas être trop hâtif dans les conclusions par rapport à la situation et garder un temps de latence. «On répondra un peu plus tard mais on répondra mieux…». Dans un second temps, l’expert recommandera de ne pas négliger les risques sociaux, notamment, ceux qui sont liés principalement au chômage. L’autre volet à ne pas omettre dans les pays émergents est le volet risque sanitaire éducatif, compte tenu du fait que les systèmes à la base ne sont pas forcément performants.
Le Maroc a l’opportunité, néanmoins, de mettre en place des actions nouvelles comme un nouveau contrat social avec l’institutionnalisation d’un système d’aide social permettant le passage de l’économie informelle à sa voisine formelle. Il s’agit d’opérer à la refonte complète du système de protection sociale. «Au niveau énergétique et développement durable, ce sera l’occasion pour tous les pays d’accélérer l’autonomie énergétique, de renforcer leur position compétitive et se positionner sur les industries exportatrices des produits qui sont moins carbonés», poursuit M. Benomar.

Partant de là, la stratégie que le Maroc aurait l’ambition de déployer s’inscrit sur trois niveaux. Primo, l’urgence est liée à la stratégie de déconfinement et de reprise de l’activité à travers une loi de Finances rectificative, d’ici la fin de l’année.
Le second niveau devrait courir sur 2 ans voire 2 ans et demi et portera sur la relance économique proprement dite. Il s’agira du redémarrage de cette économie pour revenir au stade de l’avant-crise.
Pour le troisième niveau, l’expert expliquera que même si le débat n’est pas encore posé, il faut qu’il devienne important. Khalid Benomar fait référence au modèle de développement. «Je pense qu’à partir de l’année prochaine, il va falloir capitaliser tous ces enseignements pour réfléchir un plan d’avenir qui sera correct car corollaire aux différents chantiers». Un avant-goût de la nouvelle mission des membres de la Commission spéciale sur le modèle de développement à qui le Souverain vient de donner 6 mois de plus pour présenter ses travaux.
Maturation des idées par rapport au nouveau contexte oblige!
L’expert aura le mérite d’être exhaustif dans ses propos pour donner de la visibilité dans la méthode à suivre et les écueils à éviter. La prudence étant de mise jusqu’au plan de relance économique proprement dit. L’exercice ne sera pas simple. Les instances internationales pour ne citer que la Banque mondiale ont, également, leur rapport lié aux perspectives économiques mondiales 2020 pour préparer la relance post-pandémie. Chaque pays devra se prémunir et étudier les options qui lui seront le plus adaptées pour une sortie de crise. Le Maroc aussi.

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