Les textiliens de l’AMITH et leur président, Karim Tazi, sont les premiers à réclamer la mise en place d’un SMIG régional. C’était aux lendemains de la date du premier janvier 2005 et de la fin de l’accord multi-fibre. A l’époque, une telle suggestion laissait perplexe les économistes et exaspérait les leaders syndicalistes, lesquels sortaient à peine d’un laborieux processus de mise en place d’un Code de travail. Faudrait-il de nouveau se lancer dans une autre bataille d’amendement de textes ? Comment déterminera-t-on sans contestations le SMIG à Marrakech et celui de Guercif ?
De plus, l’approche régionale qui varie en fonction du niveau de vie ne signifierait-il pas plutôt pour une ville chère comme Casablanca, une augmentation du SMIG, alors que visiblement, les textiliens cherchent le contraire ? Aujourd’hui, à défaut d’être une urgence au Parlement, l’approche régionale du salaire minimum gagne des adeptes dans les instances de la CGEM. Des tournées régionales sont prévues. Mais la bataille promet d’être longue, face aux textes en vigueur et surtout face à la position ferme du Premier ministre qui entend céder sur tout, sauf sur les charges sociales. D’autant que, comme le révéle le benchmerking présenté par Karim Tazi, lors de la réunion avec Driss Jettou le 26 avril, l’industrie textile croule sur des coûts de production élevés par rapport à la concurrence. Alléger les charges sociales à elles seules suffirait-il face à un coût de l’énergie jugé élevé et à un outil industriel vieillissant. La supposée proximité avec l’Europe est loin d’être un gain face à des coûts logistiques décriés par les industriels. Difficile, pour un secteur habitué aux mesures d’exception, et qui a bénéficié d’une certaine amnistie jusqu’en 1998 et aux régimes économiques généreux (Admission temporaire notamment), de compter sur lui-même pour se développer.