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« Je suis contre l’octroi de nouvelles licences »

ALM : M. Bourass, le secteur de la pêche se porte-t-il bien ?
Larbi Bourass : Pas vraiment. Actuellement, le secteur souffre de plusieurs carences qui l’affectent à tous les niveaux : une sur-exploitation des richesses halieutiques, la flotte marocaine souffre de vieillissement, les ressources humaines ne sont pas très qualifiées, les infrastructures sont insuffisantes, etc. tous ces éléments font en sorte que le secteur ne produise pas la richesse qu’il est censé engendrer pour l’Etat, l’armateur et le pêcheur.
Cela veut-il dire que le non-renouvellement de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne n’a pas beaucoup profité au secteur de la pêche ?
Normalement, l’arrêt de la politique des accords de pêche aurait dû avoir un grand impact sur le développement du secteur, mais la réalité est que l’influence n’a pas été très importante. Certes, les chiffres officiels parlent d’une amélioration, mais elle reste très modeste.
Peut-on avoir des chiffres ?
Par exemple, en 2001, il y a eu une augmentation de 25 % des exportations en quantité et de 6 % en valeur. Mais, en 2002, cet élan n’a pas continué, et les exportations n’ont augmenté que de 14 % en quantité et 3 % en valeur. Ces chiffres ne prennent pas en considération les résultats de l’informel, mais je ne pense pas qu’il ait une grande importance. En tout cas, il est clair que le secteur nécessite une modernisation urgente.
Certains organes de presse espagnols ont dernièrement parlé de l’existence d’un projet de création de sociétés mixtes maroco-espagnoles auxquelles le gouvernement marocain accorderait de nouvelles licences. Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas au courant de l’existence d’un tel projet. Mais, ce qui est certain est que le projet de restructuration du secteur, à savoir le contrat-programme, actuellement en préparation par le ministère de la pêche en concertation avec les opérateurs, prévoit ce genre de partenariat. Il ne s’agit pas uniquement des Espagnols. C’est une possibilité qui reste ouverte à tous les investisseurs étrangers. En tout cas, je crois que c’est prévu pour développer certains domaines qui, jusqu’à maintenant, n’ont pu être exploités par les Marocains, comme la pêche du merlan noir ou la palomette noire. Ces nouvelles pêcheries sont censées être développées à travers des partenariats avec des investisseurs étrangers ayant une grande expérience en la matière. Mis à part ces nouvelle pêcheries, la possibilité de création de sociétés mixtes a toujours été ouverte.
D’ailleurs, le domaine est vaste. L’investisseur étranger peut intervenir à plusieurs niveaux qu’il s’agisse de l’extraction, du conditionnement, de la transformation, de la congélation ou de l’exportation. À tous ces niveaux, l’investisseur étranger peut apporter une plus value au secteur.
Quelles sont les idées défendues par les opérateurs du secteur pour le développement du secteur ?
Il faut d’abord, aider le secteur à se moderniser. L’Etat est appelé à s’impliquer davantage dans le soutien des armateurs. Nous ne demandons pas au gouvernement de nous accorder des subventions pour aider à la modernisation. Mais il serait intéressant de penser à une certaine réduction des taux d’intérêts pour les crédits bancaires destinés au secteur.
Car on ne peut pas aspirer à ce que l’armateur puisse s’aventurer à moderniser son bateau de pêche, sachant que les taux de crédit sont à 14 ou 17 %. C’est un taux très élevé.
Par ailleurs, nous travaillons toujours en concertation avec l’Institut National des Recherches Halieutiques (INRH) afin qu’il y ait toujours une conformité avec les données scientifiques concernant le secteur.
Que pensez-vous d’une éventuelle attribution de nouvelles licences à des sociétés mixtes ?
Je suis contre. Car, le littoral marocain est déjà surexploité. D’ailleurs, la décision la plus importante prise par le gouvernement marocain dans le secteur a été de geler l’octroi de licences dès 1992. La meilleure procédure du retour des pêcheurs étrangers reste la création de sociétés mixtes dans le cadre des licences existant déjà.

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