Abdeslam a égorgé de sang-froid son frère Saïd. Cette triste nouvelle a consterné, en ce jeudi 22 janvier, tous les habitants de la rue 13, au quartier Massira I, à Sidi Othmane, Casablanca.
Ils n’auraient jamais pu se douter que la relation entre ces deux frères aurait pu prendre une tournure aussi dramatique. Pour quelle raison ? s’interrogent-ils. Saïd, vingt ans et son frère, Abdeslam, vingt-cinq ans sont originaires de Taounate. Tailleurs traditionnels de leur état, ils sont installés depuis six ans à Casablanca, où ils occupent une maison de trois pièces à la rue précitée.
Depuis leur arrivée, ils ne se préoccupent que de leur travail et n’entretiennent pas beaucoup de relations. Ils ne se droguent pas, ne boivent pas et ne fument pas. Deux personnes sans histoires, ce qui leur vaut le respect de tous leurs voisins.
Bref, ils jouissent d’une bonne réputation. Avaient-ils un malentendu cédant la place à une bagarre mortelle ? Non, les deux frères n’étaient jamais entrés en conflit, n’avaient jamais échangé la moindre insulte. Ils se respectent mutuellement depuis leur plus tendre enfance. Qu’a-t-il bien pu arriver pour que l’un finisse en prison et l’autre dans une tombe ?
Personne ne le sait vraiment. Un autre frère, qui était, la veille, en leur compagnie avant de repartir vers sa ville natale, Taounate, a expliqué aux enquêteurs qu’ils vivaient en parfaite harmonie et qu’aucun d’entre eux ne s’était plaint de l’autre. Ils ont passé quelques moments entre eux, le mercredi 21 janvier, en conversant et en plaisantant. Ils lui ont demandé les nouvelles de leur famille. Quand il est parti, il les a laissés pleins de joie, gais, sans le moindre problème. Chose qui a été confirmée par l’auteur du crime, Abdeslam. “Nous n’avons jamais eu le moindre problème“, a-t-il affirmé aux enquêteurs, les yeux hagards.
Après le dîner, Abdeslam et Saïd ont rejoint leurs chambres respectives pour dormir. Saïd a plongé dans un profond sommeil. Alors que son frère, Abdeslam est resté les yeux ouverts.
Que lui est-il arrivé ? Il n’en sait rien. Il s’est levé de son lit quelques minutes plus tard pour faire un tour à l’intérieur de la maison. Il ne sait pas pour quelle raison, il a abandonné son lit et fait des pas à l’intérieur de la maison. Il est entré dans la chambre de son frère, a jeté un regard sur son corps, puis est retourné dans sa chambre.
A quoi pensait-il ? Qu’est-ce qu’il cherche? Un peu plus tard, Abdeslam sort une fois encore de sa chambre, pieds nus, et marche directement vers la cuisine.
Là, il ouvre un tiroir et se saisit d’un couteau. Il marche comme un aveugle, à pas lents, sort de la cuisine. Sa destination ? Il se tient debout sur le seuil de la cuisine pendant quelques secondes comme s’il pensait à quelque chose.
Puis, il reprend sa marche à destination de la chambre de son frère. Sa main droite tient toujours le couteau. Une fois arrivé près du lit de son frère, il se contente de le dévisager. Puis, il s’incline de quelques centimètres et passe le couteau sur la gorge de son frère, qui a un spasme. Très calme, Abdeslam, regarde le sang qui coule à flots. Il dépose le couteau près du cadavre de son frère et retourne dans sa chambre. Il s’habille et sort de chez lui.
Il était 4h du matin, en ce jeudi 22 janvier. A pas lents, il s’est rendu au commissariat de police. “Qu’est-ce que tu veux ?“, lui demande le gardien de paix en faction à l’entrée du commissariat. “J’ai égorgé le mouton“, lui répond calmement le jeune homme.
De quoi s’agit-il ?, s’interroge le chef de la police qui assurait la permanence. Ce dernier et ses limiers l’ont accompagné à la maison. “Tu as tué ton frère“ , lui dit le chef de la brigade. Mais Abdeslam continue de soutenir qu’il a égorgé un mouton.
“C’est un esprit qui m’a sollicité de liquider ce mouton allongé sur le lit“, précise-t-il aux enquêteurs. Ses parents ont affirmé qu’il était, de temps à autre, en proie à des troubles d’ordre psychique. Abdeslam a été traduit devant le juge d’instruction, qui a ordonné de le soumettre à une expertise médical afin de déterminer sa responsabilité au moment du crime.