Société

Transplantation et contraintes

Véritable chape de flou que celle qui entoure la transplantation au Maroc. Barrières sociale et religieuse se dressant comme un titan sur le chemin de cette démarche vitale, la transplantation et l’opération qui la précède, le prélèvement, souffrent de l’impact d’une vision peu éclairée sur la question.
Réalisé entre janvier et février 2005 par l’association « Reins », qui se bat pour encourager la transplantation au Maroc, un sondage a concerné quelque 360 personnes représentatives des couches de la population urbaine marocaine.
Il ressort de cette enquête que 19% des personnes sondées pensent que la transplantation ne se fait pas encore au Maroc. Voilà une bonne mise en bouche pour appréhender ce qui va suivre. Car, au Maroc, cela fait près de 20 ans que la transplantation est pratiquée avec succès.
Cela n’empêchera pas plus de 30% de l’échantillon de penser que les risques liés à la transplantation et l’incompétence des praticiens sont les véritables entraves à sa pratique. «Faux», rétorque-t-on chez «Reins».
«Le Maroc a une expérience réussie en la matière et il existe quatre centres agréés capables de faire plusieurs transplantations rénales par semaine et qui, malheureusement, ne le font pas pour des raisons liées souvent à la bureaucratie et à cause de l’exclusion d’une grande partie des praticiens marocains. Le cadre légal existe bel et bien au Maroc, mais arrivés en fin de chaîne, après un périple d’analyses et de préparatifs, les malades se retrouvent confrontés à des responsables refusant d’entériner les opérations de transplantation, en mettant en avant l’inexistence de décrets d’application de la loi et privant ainsi des centaines de malades prêts à effectuer cet acte, maîtrisé sur le plan médical, et qui peut sauver leur vie», peut-on lire sur le rapport élaboré par l’association.
«Concernant le but de la transplantation, 64% de l’échantillon tendent à penser à la guérison du malade, la prolongation de la durée de vie et au soulagement de la souffrance. Cela dit, seulement 19% de l’échantillon pensent à l’amélioration de la qualité de vie, qui est probablement le résultat le plus attendu d’une transplantation réussie».
Par ailleurs, le quart des personnes sondées pense dur comme fer que la transplantation est interdite par l’Islam. Ce point endosse, à lui seul, le statut d’entrave majeure à la transplantation.
Cependant, la pratique de la transplantation bute surtout sur le prélèvement sur des donneurs en état de mort cérébrale. Du coup, transplantation et prélèvement d’organes revêtent, dans la plupart des cas, la casquette d’une pratique contraire à la morale et aux préceptes de l’Islam. Parfois même, est-elle qualifiée de pratique relevant du satanisme.
« On ne s’oppose pas à la volonté divine. Dieu a fixé pour chacun de nous l’heure de son départ, malheur à celui qui tente d’agir à contre-sens de la parole divine », laisse-t-on entendre chez une large frange de la population. D’autres, en revanche, ne se fendent pas, tête baissée, dans les extrapolations à caractère religieux, mais ils les exploitent sous un autre angle. Ils ne voient, en effet, dans le prélèvement qu’un acte de mutilation contraire aux valeurs de l’Islam et au respect du corps humain. La mort, dans la perception sociale, est quelque chose de sacré. Le cadavre l’est tout autant.
Et c’est, justement, sur ce point-là que doivent intervenir les oulémas et autres dignitaires religieux. Il s’avère impérieux d’expliquer la réalité des choses et la noblesse de pareil acte. Certes, il est difficile d’accepter cette situation conflictuelle qui veut que la vie d’un être soit directement liée à la mort d’un autre. Mais, plutôt, faut-il penser que l’être cher ayant perdu la vie peut, au-delà de son décès, accomplir un dernier acte ici-bas, en sauvant une ou plusieurs vies.

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