Automobile

Le roi des vikings

© D.R

Plus de 30 % des 4×4 de luxe vendus aux Etats-Unis sont motorisés par des blocs à huit cylindres. Une telle donne ne pouvait laisser froid un constructeur comme Volvo, dont le représentant dans ce segment a déjà pu s’imposer outre-Atlantique. En effet, lancé vers la fin 2002, le XC90 a, depuis, rencontré un franc succès en Amérique du Nord, où il réalise près de 60 % de ses ventes. C’est à partir de ces constats que le constructeur suédois a décidé de développer un moteur V8, le premier de son histoire, qui plus est spécialement conçu pour loger sous le capot du XC90.
Ce dernier, en gagnant en noblesse mécanique, répond ainsi à la demande croissante d’une clientèle esthète et friande de gros 4×4 à grosses cylindrées. Ceci dit, quelques semaines avant de démarrer sa carrière commerciale en Europe et aux USA, cette version V8 du XC90 a révélé tous ses secrets à des journalistes-essayeurs, venus des quatre coins du monde pour participer au «Winter Challenge». Un événement réalisé à 100% par Volvo Cars et qui n’est autre chose qu’une série de tests dynamiques que la marque fait subir chaque année à ses modèles dans l’un des pays scandinaves, soit dans des conditions climatiques hivernales. Et c’est en Finlande que ces essais ont eu lieu cette fois-ci et plus précisément à Ivalö, une petite ville reculée au fin fond Nord-Est du pays à proximité des frontières avec la Russie et à quelque centaines de kilomètres du pôle nord. C’est dire, le grand froid qui régnait et les conditions de roulage par lesquelles le XC90 V8 a dû faire ses preuves. Mais avant d’en parler, il serait intéressant à plus d’un titre de dresser les différents aspects techniques de ce moteur inédit, qui constitue un véritable tournant pour la marque fondée et installée à Göteborg (en Suède) depuis 1927.
Car pour cette motorisation, Volvo n’a pas opté pour une solution de facilité, qui aurait consisté à aller puiser dans la banque d’organe du groupe Ford (son propriétaire depuis quelques années) un V8 déjà existant. Les responsables de la marque suédoise se sont plutôt tournés vers Yamaha, un motoriste de renom, spécialisé dans les motos et les hors-bord. Pourquoi ? En fait, la marque suédoise est depuis longtemps réputée pour installer dans ses modèles des blocs moteurs montés en position transversale, histoire de garantir et préserver une sécurité passive optimale. Outre cet impératif qui concerne l’une des valeurs chères à la marque et sur laquelle elle s’est bâtie toute une réputation, l’autre objectif pour ce V8 était d’ordre environnemental, puisqu’il se devait aussi de répondre aux normes américaines ULEV II (Ultra Low Emission Vehicle, phase II), soit les plus sévères en la matière. Du coup, compacité et légèreté ont été les maîtres-mots dictés dans la conception de ce V8.
Et ce sont ces deux mêmes caractéristiques qui sont les plus prises en compte dans la conception des moteurs de hors-bord. C’est ce qui explique qu’il ne pouvait y avoir de meilleur partenaire que Yamaha pour collaborer à la naissance du premier huit cylindres de Volvo. Entièrement réalisé en aluminium, ce bloc ne pèse que 190 kg et affiche des dimensions très compactes (754 mm de long pour 635 mm de large) du fait d’un angle de 60 degrés entre les deux rangées de cylindres (au lieu des traditionnels 90 degrés). En outre, le gain d’espace a été rendu possible grâce à une installation directe dans le bloc moteur de toutes les unités auxiliaires, telles que l’alternateur.
Bref, une architecture de montage originale qui permet d’accroître la sécurité, en augmentant notamment les zones de la déformation programmée en cas de choc frontal. D’une cylindrée de 4.4 litres, ce V8 développe 315 chevaux pour un couple de 440 Nm. Fort d’une telle cavalerie et d’une boîte automatique à six rapports et mode séquentiel «Geartronic», le XC90 est capable d’atteindre 210 km/h en vitesse de pointe et les 100 km/h en 7,3 secondes. Techniquement toujours, le constructeur inaugure une première mondiale sur le XC90 V8, à savoir une transmission intégrale électronique «AWD» (All Wheel Drive), dite à «traction instantanée». Mis au point par l’équipementier Haldex, ce système réduit le patinage habituel, ce qui offre une meilleure traction sur les revêtements glissants, augmentant considérablement les possibilités de manoeuvre. Alléchés par de telles caractéristiques techniques, nous nous précipitions à prendre le volant de ce «baroudeur en smoking», surtout dans le contexte géo-climatique qui se présentait à nous. Des conditions diamétralement opposées à celles du Sud marocain, mais qui ont pour point commun avec celles du grand froid, leur caractère extrême, parfois même hostile.
Et le Sport Utility Vehicle (SUV) de Volvo a bel et bien tenu ses promesses. En effet, le centre d’essai aménagé à Ivalö fut le théâtre de toute une série d’exercices et notamment le franchissement de terrains inclinés enneigés, l’évolution sur parcours sinueux à faible adhérence, test d’évitement suivi d’un freinage appuyé sur banquise… Que de manoeuvres laborieuses et délicates, mais accomplies avec brio par le XC90, qui compte également dans sa panoplie d’aides électronique à la conduite le DSTC : un ESP de dernière génération qui inclut notamment l’anti-dérapage et un contrôle de trajectoire. La neige quittée, nous évoluons sur la route, mais légèrement et aléatoirement recouverte de verglas, ce qui n’a pas effrayé non plus notre XC90. Il est clair que le bitume reste son terrain de prédilection, et c’est d’ailleurs là où le passage en mode séquentiel permet, soit en rétrogradant, soit en montant haut dans le compte tours, de goûter à la sonorité enivrante de ce V8.
Esthétiquement et outre l’inscription «V8» accolée sur la calandre et le hayon, cette version est reconnaissable par quelques détails de carrosserie qui apportent un brin de sportivité à l’ensemble, tout en renforçant son aspect viril et musclé. C’est le cas des nouvelles jantes alu de 18 pouces (chaussées pour la circonstance de pneus spécifiques), de la double sortie d’échappement, de la grille de calandre en gris graphite, ou encore du chrome entourant la prise d’air du bouclier avant.
Mais autant pour ses performances et la musicalité de son V8, les acheteurs du plus puissant des XC90 l’achèteront aussi pour son habitacle, dont le confort et la sophistication n’ont rien à envier aux modèles de la concurrence. Dans la foulée, on citera les phares bi-xénon, les sièges en cuir électriques et chauffants, le radar de recul, ainsi que quelques friandises high-tech comme le «BLIS» (un système d’information pour l’angle mort sur le rétro éxtérieur), ou encore le système audio à 12 haut-parleurs et sorties audio aux places arrière. A ce titre, rappelons enfin que le XC90 fait partie des 4×4 à sept places… de quoi confirmer définitivement sa vocation familiale. Une autre valeur chère à Volvo.

Verdict :
Avec ce moteur V8, le Volvo XC90 signe remarquablement son entrée dans la cour des grands : celle des puissants 4×4 de luxe, tels que les Porsche Cayenne, Volkswagen Touareg, BMW X5 et autres Mercedes Classe M. Sur la route, la neige, voire la banquise, le porte-drapeau de la marque suédoise a tenu ses promesses : motricité et adhérence à toute épreuve et capacités de franchissement intéressantes pour un 4×4 qui se passe d’une boîte de transfert et du châssis échelle, dont disposerait un authentique tout-terrain… Le tout, par basse température (entre – 6 et – 10 degrés), mais dans un habitacle voluptueux, nappé de cuir et doté d’une flopée d’équipements de confort. Cette version V8 sera bientôt commercialisée par Scandinavian Auto Maroc, l’importateur exclusif de Volvo à un tarif gravitant autour du million de Dhs. Tel sera le prix de ce 4×4 au caractère exclusif, qui s’adresse à une clientèle bourgeoise certes, mais d’une certaine culture, celle du haut de gamme au profil bas.

Technique :
8 cylindres en V. 4414 cm3. Injection électronique multipoint avec système d’admission et d’échappement à distribution variable «CVVT» et 32 soupapes. 315 ch/440 Nm. Boîte auto à 6 rapports avec mode séquentiel «Geartronic». Transmission intégrale «AWD» à traction instantanée Haldex. Garde au sol : 21,8 cm. 13,5 l/100 km en consommation mixte. 210 km/h en vitesse de pointe. ABS + EBA (amplificateur) + EBD (répartiteur) + DSTC (antidérapage)+RSC (système actif anti-roulis) + ROPS (système anti-retourenemnt). Jantes alu et pneus de 18 pouces.

• DNES en Finlande, Jalil Bennani

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