Automobile

Louis Schweitzer : un créateur de croissance

© D.R

Après dix-neuf ans de carrière chez Renault, dont treize années passées à sa présidence, Louis Schweitzer cède sa place à son dauphin et cousin par alliance (automobile), Carlos Ghosn. Ce très charismatique manager, jusqu’ici connu pour être le président de Nissan, continuera à le rester, même s’il devra surtout se focaliser sur Renault. C’est en quelque sorte la dernière volonté du président sortant qui a déclaré : «mon vœu, c’est de voir mon successeur Carlos Ghosn battre aussi rapidement que possible ces records», allusion faite aux résultats historiques réalisés en 2004. Indéniablement, Louis Schweitzer y est pour beaucoup et a énormément fait pour la marque au losange durant ces dix dernières années.
Natif de Genève en 1942, Louis Schweitzer va acquérir ses diplômes à l’Institut des études politiques de Paris et à l’Ecole nationale d’administration. Sa grande carrière, il la débute d’abord en 1970 en tant qu’inspecteur des finances, puis directeur de cabinet du ministre Laurent Fabius, dès 1981. Puis arrive 1986, année où il intègre Renault en tant que directeur à la direction générale. Deux ans plus tard, il devient directeur financier et au plan, puis  en 1989, il est nommé directeur général adjoint. L’ascension commence…
Louis a l’étoffe d’un patron rationnel et ambitieux. Ses quelques années passées au sein de Renault lui permettront non seulement de connaître l’entreprise, mais aussi d’appliquer ses bonnes idées et sa méthodologie. Cela lui vaudra très vite une excellente réputation, jusqu’à succéder, en mai 1992, à Raymond Levy à la tête de la présidence de Renault. Cette année-là, Renault est champion du monde (classements constructeurs et pilotes) en Formule 1. Mais M. Schweitzer se soucie plus de l’avenir de l’entreprise dont il a désormais les destinées. Il annonce, alors la création de la société Renault-Volvo en septembre 1993. Mais deux mois plus tard cette fusion échoue, rejetée par les Suédois qui refusent de passer sous le contrôle de l’Etat français, toujours propriétaire de Renault. C’est là, un échec «douloureux et pénible même» pour Louis, comme il l’avoue lui-même. Mais en 1994, changement de donne : Renault ouvre son capital et sa privatisation longuement différée, finit par aboutir en juillet 1996. Entre temps, Renault a implanté une usine au Brésil, histoire d’aller chercher la croissance en dehors des marchés habituels. C’est aussi un premier signe des velléités d’internationalisation qui cogitent dans l’esprit de Schweitzer. Au même moment en Europe, la nouvelle gamme de Renault rencontre un joli succès et le monospace compact Scénic est élu «Voiture de l’Année 1997». Mais pour rester rentable, Renault doit rationaliser son outil industriel. Ce boss aux allures gentilhomme, prend alors une lourde et fâcheuse décision : la fermeture de l’usine de Vilvorde en Belgique. Ce sera en 1997, année même où  Renault remporte son sixième titre mondial en F1 avec l’écurie Williams. Un an plus tard, c’est l’ouverture du «Technocentre» à Guyancourt, sorte de quartier générale de la marque où est basée toute son ingénierie de pointe. Optimiste Louis ? Oui, mais pas assez tant qu’il n’a pas mis Renault à l’abri des grands groupes, en cette conjoncture, où rachats et fusions internationales fusent au sein des constructeurs automobiles. D’où la signature d’une alliance avec Nissan en mars 1999, avec laquelle Renault prend le contrôle du constructeur nippon, à travers une acquisition de 36,8 % de son capital. Le processus d’internationalisation de Renault se poursuivra avec d’une part la prise du contrôle de la marque roumaine Dacia en 1999, et d’autre part le rachat du constructeur sud-coréen Samsung-Motors. En fait, en mettant la main basse sur Dacia, ce patron visionnaire avait bien une idée en tête… En 2000, le constructeur au losange accroît sa participation dans Nissan et crée le directoire du groupe Renault-Nissan.  Après avoir créé cette alliance fructueuse et veillé à rehausser l’image, le niveau de qualité et de sécurité des Renault, il est temps pour Louis de porter à la réalité son projet personnel. C’est l’idée en question, qui a été longuement réfléchie et assez mûrie. Cette idée aura d’abord pour nom de code L90, avant de porter une dénomination commerciale définitive : Logan.
Une voiture qui, tout étant accessible à une très vaste clientèle dans le monde, aidera, par sa vocation internationale justement, à doper les volumes de production et de vente du groupe. Objectif : atteindre les quatre millions de véhicules vendus annuellement à l’horizon 2010, dont un million de Logan. C’est «LE» pari audacieux de Monsieur Louis, qui, par ailleurs, s’est déplacé au Maroc en 2003 pour signer une convention avec l’Etat marocain, prévoyant justement le montage de la Logan dans la Somaca. Schweitzer semble avoir vu juste. En effet, moins d’un an après le lancement de cette voiture dans quelques pays européens, son succès commercial n’est presque plus un doute. L’année en cours confirmera cette donne, avec la commercialisation de la Logan dans plusieurs autres pays, dont le Maroc (en juillet).
Mais 2005 est aussi l’année de la «chasse au titre» en Formule 1. Les récents succès du Renault F1 Team, avec notamment les trois victoires de Fernando Alonso, montrent bel et bien l’ambition et les potentialités de l’écurie tricolore. Vint enfin, le 29 avril dernier, jour où le Conseil d’administration de Renault valide la nomination de Carlos Ghosn en tant que successeur de Louis Schweitzer à la présidence de Renault. M. Schweitzer, n’est pourtant pas prêt de prendre sa retraite. Quelques semaines auparavant, il avait été nommé par Jacques Chirac en tant que premier président de la «Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité» (Halde). Il s’agit d’une instance ayant une vocation à la fois militante et coercitive, puisqu’elle aura autorité sur toute les formes de discrimination légales.
Une mission qui sied parfaitement avec la caractère humaniste de Schweitzer. Parallèlement à cela, il devient président du Conseil d’administration de Renault. Joli fauteuil ou poste honorifique ? Peu importe, Louis Schweitzer continuera à observer l’évolution de Renault, un label qu’il a porté au diapason des constructeurs automobile internationaux.

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