Chroniques

100% Jamal Berraoui : 2010, c’est compromis !

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Dix millions de touristes dans 3 ans, le ministre du Tourisme imperturbable, continue à marteler l’objectif, sans doute parce qu’il sait qu’il n’aura pas le portefeuille, lors de la prochaine législature. Il a effectivement fait beaucoup de choses pour y arriver, certaines étant indiscutables par ailleurs, mais pas plus que les largesses octroyées dans d’autres secteurs.
Le handicap le plus sérieux ne dépend pas de lui, mais de l’Etat dans son ensemble. Cela concerne le mois du Ramadan et la manière de le vivre. Les 3 prochaines années, le carême c’est en plein été. Nous savons tous que le créneau à développer concerne le balnéaire. Imaginons des millions de touristes invités à l’ennui absolu. Tous les débits de boissons sont fermés. Les sandwicheries prennent leurs vacances aussi, l’animation, déjà très faible, laisse la place aux tables de jeu de cartes et, la journée, les Marocains ne sont pas très conviviaux. Nos plages seront désertes. Pourquoi est-ce qu’un Allemand délaisserait Tenerife pour Agadir ? à moins de brader encore plus les prix, on a peur d’arguments à offrir aux tours opérateurs qui connaissent l’été ramadanien au Maroc.
Le ministre du Tourisme n’y peut rien, les autres non plus. La concomitance entre les fêtes de fin d’année et celle du mouton a mis en exergue cette incapacité à sortir de nos incohérences.
Le Ramadan, à titre individuel, ne me dérange pas, je sais faire mais je ne vous dirai pas comment, parce qu’à 3 ans, même avec sursis, je trouve que c’est trop cher payé. Faire du tourisme au Maroc dans ces conditions me paraît intenable sauf pour les seniors du 3 ème âge, qui eux généralement fuyent la canicule.
L’incohérence, c’est de vouloir développer le tourisme, en faire une priorité et refuser son nécessaire environnement, croire que les gens du Golfe, un marché de 10 millions de personnes, peuvent remplacer les marchés émetteurs traditionnels est une lubie, juste bonne à alimenter les feuilles de choux islamistes. Le soleil et le sable existent chez tous les pays concurrents, cela se joue sur le reste et essentiellement sur les possibilités d’animation. Le touriste a besoin de prendre quelques bières en dehors de son hôtel, ne serait-ce que parce que c’est moins cher, de faire des sandwichs au bord de la plage, de sa photo-souvenir avec la danseuse du ventre etc…
Tous ces petits plaisirs sont impossibles durant le mois de Ramadan. La solution radicale exige un autre projet sociétal qui n’est pas à l’ordre du jour. Cependant le courage exigerait que l’on trouve des solutions médianes. En particulier les lieux identifiés comme touristiques devraient ouvrir avec des incitations pour le faire. Parce que bien naturellement ils devront respecter la loi et ne pas servir les musulmans sociologiques ce qui diminue leur chiffre d’affaires de manière vertigineuse. Ce genre de décisions se prépare dès maintenant parce qu’il présuppose une pédagogie. Les serveurs, dont l’alcool est le métier, deviennent bigots eux aussi durant le mois sacré, par exemple. Cette schizophrénie générale aurait pu être mise face à ses incohérences lors de l’Aïd El Kébir et à moindres frais. Cette fois, Ramadan c’est en été et à quelque semaines des législatives. Déjà frileux, les pouvoirs publics ne vont pas s’inventer un courage qu’ils n’ont jamais eu, au risque de renforcer le PJD. Le plan Azur attendra.

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