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100% Jamal Berraoui : Le doute qui tue

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L’affaire de terrorisme dévoilée est très grave en elle-même, mais elle a suscité une affaire au moins aussi grave. Des partis, des organisations défendent des accusés, avant même que l’instruction ne se termine, parce que ceux-ci auraient donné des gages de démocratie et que les faits, nécessairement, relèveraient  du passé.
Les dirigeants d’Al Badil Al Hadari ont effectivement pris position publiquement contre le terrorisme et ont participé aux législatives, pour un résultat nul, rappelons-le. Selon le ministre de l’Intérieur, ce parti ne serait qu’un paravent légal à une organisation militaire secrète armée et financée grâce au grand banditisme.
Les détails de l’affaire sont maintenant publics et l’on subodore une coopération des services belges avec leurs homologues marocains. La réaction d’une partie de la société civile peut s’expliquer par le trouble qu’impose l’implication de ces intégristes que les anciens Maoïstes trouvent assez à leur goût pour parler d’alliance. D’ailleurs, l’un des accusés avait même fait de l’entrisme au PSU.
Ce trouble est assez partagé parce que la culture de la «Taquya», cette licence de mensonge dans un milieu hostile est étrangère à la culture politique marocaine. Toute comparaison avec l’organisation secrète de l’UNFP est non avenue, parce que l’UNFP ne cachait pas son aversion pour «le pouvoir personnel». Mais ce trouble ne justifie pas les positions publiques qui, en filigrane, accuse les services de l’Etat de «montage» et ce pour 3 raisons :
• Si l’on accepte que nous sommes en transition démocratique, il faut un degré de confiance dans l’appareil de l’Etat qui exclut son accusation de tripatouillage en vue d’éliminer un parti, surtout quand ce parti ne recueille que quelque milliers de voix et que la seule raison de sa visibilité est une étiquette d’islamiste de gauche qu’une certaine presse lui a délivrée avec empressement.
• Les faits avancés sont sérieux, il y a eu crime à l’étranger et tentative de meurtre au Maroc, l’arsenal présenté a bien été saisi.
• Les 3 responsables ont maintenu des liens avec une entreprise criminelle, il y a au moins délit de non-dénonciation.
Au-delà de ces considérations, le doute installé est insupportable parce qu’il entache la lutte contre le terrorisme en général, émousse la vigilance et in fine met des vies humaines et la stabilité du pays en danger. En Algérie, cela a fragilisé  l’Etat de manière pérenne. Cela dit, la vigilance s’impose quant au respect des droits des accusés et au premier d’entre eux, la présomption d’innocence.
La vraie question qui devrait nous torturer, c’est que les dernières opérations éventées ne mettent plus en scène des marginaux, mais des individus provenant de la classe moyenne, le terrorisme n’a jamais été lié à la pauvreté mais à un mode de pensée. C’est celui-ci qu’il faut éradiquer. 

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