Chroniques

100% Jamal Berraoui : L’homme de l’année

© D.R

La presse marocaine fait comme tout le monde, du People. La tradition veut que chaque année on nous bombarde de «sélections» effectuées par les rédactions , les lecteurs ou un corps électoral démocratiquement désigné par les journalistes, souvent constitué de personnalités qui se verraient bien nominées. Je vais vous livrer ma sélection avec une particularité: des si. Tous  mes hommes de l’année ont raté le podium pour une raison quelconque, vous me permettrez pour ce dernier numéro de 2005 de refaire l’histoire. Si Nadir Lamyaghri était un gardien de but juste moyen et s’il avait réussi sa claquette sur le deuxième but tunisien, le Maroc serait qualifié pour l’Allemagne, préparerait la Coupe d’Afrique  dans l’enthousiasme et Zaki serait plébiscité à coup sûr. La vie tenant à peu de choses, l’homme est banni et 2M s’est courageusement chargée du peloton d’exécution. Si Elyazghi a réussi son congrès sans opposition apparente et surtout a mis fin, du moins provisoirement, à la tentation suicidaire d’une alliance avec le fascisme, cela lui donnerait des chances réelles dans un vote sans préjugé. Sauf que, congrès ou pas, l’USFP est toujours malade de ses divisions et que ses militants développent une angoisse sûrement disproportionnée par rapport aux réalités, mais très explicite quant à la paralysie du parti. Pas de chance encore.
Les sécuritaires présentent, eux aussi, un ban cru. D’abord ils communiquent tous azimuts, chaque Rédaction a sa «source proche du dossier», le nouveau patron de la DST est à peine installé que nous sommes informés sur son plan de réorganisation et sa vision du renseignement, si ce n’est pas de l’ouverture cela y ressemble, avec les erreurs de novices qui vont avec à mon avis. Ils ont fait mieux, les sécuritaires ; leur boulot ! Ils ont démantelé plusieurs cellules terroristes aux imbrications internationales. DGED et DST ont été à l’œuvre avec une certaine réussite, qui n’est pas nécessairement une assurance tous risques. Seulement voilà, nous sommes dans une société suicidaire qui, même meurtrie dans sa chair et se sachant menacée, préfère suivre ces arrestations avec détachement. Alors si je nomine Yassine Mansouri, vous imaginez le tollé, entre les «on vous l’avait bien dit» perfide mais con, et «on nous l’a bien changé» tout aussi stupide, je serais habillé pour l’hiver, courageux mais pas téméraire je m’abstiens !
Un autre qui aurait pu figurer sans problème, c’est Taoufik Hejira, il abat un sacré boulot dans un secteur essentiel pour le développement du pays, en plus, il est charmeur ce qui ne gâche rien. Si je nomine un ministre istiqlalien, je vais me faire manger cru par mes copains d’à côté, non merci : je préfère me limiter à l’amitié de Taoufik. Tiens El Gahs est mon copain, il n’a pas démérité non plus, il s’entête à voir grand malgré les limites des moyens mis à sa disposition, multiplie les initiatives et réussit plutôt bien. Je ne le choisis pas pour deux raisons : d’abord c’est mon ami et c’est rédhibitoire dans ce genre de classement, ensuite je ne veux surtout pas qu’on lui refile ce panier à crabes appelé les sports. Alors exit El Gahs.
Noureddine Saïl réussit tous ses festivals, a mis en place une véritable politique de cinéma, bataille sur tous les fronts, se défend comme un lion face à la bêtise et la mesquinerie, il aurait mérité la palme, mais pas sous ma plume. Il n’avait qu’à se choisir de meilleurs amis.
Abdellah Lamrani a nominé Khalil Hachimi Idrissi. A bien y voir, ce n’est pas idiot. KHI a réussi son challenge face à un accueil qui découragerait les plus têtus. Il aggrave son cas, non seulement il a la même tare que les précédents mais il me paye à la fin du mois. L’exercice est totalement infructueux. Finalement l’homme de l’année c’est vous, lecteurs, car sans votre ténacité, non seulement il n’y aurait plus de classement mais plus de presse du tout. Quant à mes amis on réglera nos comptes en 2006 autour d’un bon repas.

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