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100% Jamal Berraoui : Quelle justice pour les monstres ?

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L’odieux crime de l’ancienne médina de Casablanca a remis à l’ordre du jour un vieux débat. Révoltés par l’acte du pédophile qui a assassiné une fillette nombreux sont ceux qui réclament la peine de mort.
Les pédophiles assassins sont un phénomène qui prend de l’ampleur au Maroc. Sauf si auparavant, ces affaires n’étaient pas médiatisées. Certains avancent une autre explication, selon laquelle, assurés d’être couverts par la peur de la honte et l’omerta des familles, les violeurs ne ressentaient pas le besoin d’aller au bout de leur monstruosité. Quoi qu’il en soit, la pédophilie, sous toutes ses formes, est omniprésente au Maroc, et elle n’est pas le fait du tourisme sexuel. Les voisins du petit ange assassiné désignent les ruines des maisons détruites dans le cadre du projet de la grande avenue, comme des lieux de viols fréquents. Laissées à l’abandon, ces ruines servent de logis à une gamme de malfrats et de déclassés sociaux au vu et au su de tout le monde. La pédophilie prolifère aussi dans les milieux moins interlopes où elle continue à bénéficier à la fois de l’omerta des parents et de la mansuétude de la justice. Un violeur en série a de fortes chances d’écoper d’une peine inférieure à celle d’un voleur de poules. La loi prévoit des peines trop basses et les juges sont souvent sensibles au statut de père de famille des monstres. Ce débat-là est important, non seulement au vu du caractère révoltant du crime mais surtout parce que la récidive est une quasi-certitude dans ces cas.
La science est à ce jour impuissante. En dehors de la castration, il n’y a aucun moyen de contrôler ces pulsions même quand le sujet le désire. En Occident, là où la peine de mort est abolie, beaucoup plaident pour l’enfermement à vie: la perpétuité sans possibilité de réduction de peine. C’est une peine tout aussi inhumaine que la peine capitale. Seulement nous sommes face à des monstres sans possibilité, aussi infirme soit-elle, de rédemption. Lé réinsertion, le simple amendement dans ce cas-là est une chimère. Chaque fois que la Justice remet en liberté un pédophile, elle est responsable de ses méfaits postérieurs à la libération. Tout simplement parce qu’elle sait scientifiquement qu’il récidivera et le contrôle judiciaire est un leurre. Le dégoût, la révolte, le désir de vengeance sont compréhensibles.
Le problème sociétal, lui, reste entier. Les abolitionnistes ont raison, une société ne peut rétorquer à la barbarie par la barbarie. Elle ne peut pas non plus mettre la vie d’enfants en péril en relâchant des malades sans espoir de guérison. Au Canada, ils ont résolu le problème en conditionnant la sortie par la castration chimique. En France c’est un débat qui fait rage et qui a donné naissance à un courant qui réclame le retour de la peine capitale pour les pédophiles. 
Au Maroc, cela arrivera fatalement. Pour l’heure, l’urgence est de revoir les «tarifs» des crimes sexuels.
Un violeur ne doit pas écoper de moins de 15 ans de prison. En moyenne, il prend deux ans et ressort au bout de 18 mois quel que soit l’âge de la victime. Par ailleurs, un vrai travail de prévention est nécessaire surtout en direction des familles. La tolérance zéro envers la pédophilie est une urgence ethnique. Le prochain Parlement devrait légiférer là-dessus.

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