Chroniques

Autrement : L’angoisse de la fin du monde

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Les hommes ont-ils besoin de se faire peur? On peut se le demander quand on constate la fascination qu’exercent sur nos contemporains les livres et les films qui d’aujourd’hui évoquant la fin du monde. Avant même sa sortie, le film américain «2012», qui donne à voir, grâce à d’étonnants effets spéciaux, l’engloutissement de notre humanité dans un nouveau «déluge» universel, a déchaîné les passions sur Internet. Selon certaines spéculations, le calendrier qu’avait élaboré l’antique civilisation Maya du Mexique prévoyait la fin du monde pour cette année 2012.
L’annonce d’une fin prochaine de l’humanité n’est pas nouvelle. La Bible et les Evangiles l’évoquent déjà. Plus tard, le sac de Rome en 410 par les Wisigoths déclenche des paniques devant la «fin du monde» proche. Et il s’agissait bien, en effet, de la fin «d’un» monde! Plus tard, vers l’an 1000, beaucoup se mirent à croire que «le Jour de colère de Dieu» allait survenir. Des «prophéties» semblables ont couru à l’approche de l’an 2000, mais nous sommes toujours là. Actuellement, les divers malheurs de notre planète, à commencer par le réchauffement climatique dont on prédit qu’il va se faire sentir de manière catastrophique pour toute l’humanité dans moins de cinquante ans, alimentent ces peurs.
Un jour le monde prendra fin. Car c’est la destinée de tout ce qui est matériel d’être périssable. Les scientifiques d’aujourd’hui sont par exemple capables de déterminer la période où le soleil finira par s’éteindre. Ce n’est pas pour demain : l’astre solaire a encore suffisamment d’hydrogène pour brûler cinq milliards d’années! En revanche, l’atmosphère qui entoure et protège la Terre s’abîme de jour en jour du fait de la pollution industrielle, et ce réchauffement menace sérieusement la survie de l’humanité. Déjà des milliers d’êtres humains sont concernés et vivent dans des conditions difficiles.
Comme la Bible, le Coran est porteur d’annonces de la fin des temps, laquelle sera associée au Jugement dernier. Plusieurs versets donnent une vision assez terrifiante, apocalyptique, de l’évènement: séisme gigantesque qui annoncera «l’Heure», ange sonnant de sa trompe jusqu’à ce que tous les êtres vivants soient réduits à néant… Ainsi le Coran, comme la Bible  souligne en images la « finitude » de l’humanité, la fragilité de l’existence humaine et l’urgence qu’il y a, pour chacun, de se convertir. Car nul ne connaît la date de sa propre fin. Nul ne peut prédire à quel moment il devra rendre compte à Dieu de son existence terrestre. Toute mort, au vrai, est pour celui qui la subit sa «fin du monde» à lui.
Mais ce qui est particulièrement frappant dans les temps que nous vivons, c’est de constater combien ces thèses eschatologiques, qui voient dans les réalités du monde contemporain des signes annonciateurs du Jugement de Dieu, sont utilisées par les groupes religieux intégristes, qu’il s’agisse de certains protestants américains ou des fondamentalistes musulmans. Le «marché de la peur» ne bénéficie pas qu’aux producteurs de cinéma. Il s’avère bien utile, aussi, à tous ceux qui ont intérêt, politiquement et religieusement, à ce que les hommes aient peur! Mais convertir les hommes par la peur, n’est-ce pas le dernier degré du respect d’autrui ? Si on veut convertir, c’est parce que «Dieu est Dieu», et non pas pour faire peur !

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