Chroniques

De toutes les couleurs : L’art selon Nietzsche

© D.R

Je l’ai souligné dans plusieurs de mes précédents écrits. Et quand j’ai relu dernièrement ce que Nietzsche pensait de l’art et de l’artiste, je me suis rendu compte que ma façon de concevoir ces derniers est, sans la moindre prétention, quelque peu proche de la sienne. Bien sûr, d’autres grands philosophes, tels que Kant, Hegel, Heidegger ou encore Adorno, ont des conceptions parfois très différentes de l’art et l’artiste. Alors que pensait Nietzsche de l’art? Conscient qu’il m’est difficile de résumer ma petite interprétation de ce grand philosophe en quelques lignes, je propose ce concentré de Nietzsche dont la seule ambition est de stimuler la curiosité des jeunes lecteurs de cette chronique pour qu’ils aillent se faire leur propre opinion sur le sujet. Nietzsche ne sépare pas l’artiste de l’œuvre d’art. Pour lui, l’art est soumis à la volonté créatrice de l’artiste. Ce dernier n’est pas un simple personnage adroit, c’est un créateur qui vit vraiment son œuvre. Et l’œuvre d’art n’est donc que la pointe visible de l’iceberg! En d’autres mots, il s’agit de considérer l’art à partir de l’artiste et non pas à partir des œuvres ou des spectateurs. L’artiste dans le sens classique n’est qu’un artisan qui travaille la matière inerte. Il est donc sujet à être dépassé par l’artiste-philosophe dans lequel la véritable œuvre d’art se réalise. Nietzsche pense que l’on peut vivre en artiste sans nécessairement créer des œuvres d’art. «Être artiste est un mode de vie et la vie est ce en quoi se manifeste tout être» dit-il. Pour lui, l’artiste est le modèle du «surhomme», celui qui fait de sa vie une œuvre d’art, car l’art ne se limite pas aux interprétations que nous nous faisons de la vie –l’art est la vie elle-même, il réapparaît avec chaque nouvelle forme de vie. L’art est le plus puissant stimulant de la vie, car il est l’illusion qui permet de résister au fait que la vie ne soit qu’illusion. Pour Nietzsche, il y a aussi une dualité dans l’art. L’apollinien qui représente l’apparence, la forme (Apollon étant le dieu des formes) et le dionysiaque qui se traduit par la dissolution de toute forme. Ce sont pour lui deux sortes d’ivresse. L’ivresse étant l’aspect physiologique du phénomène artistique. «Par l’ivresse, l’individu atteint l’être et l’art le révèle», dit-il. Pour lui, l’art par excellence n’est autre que la musique, car elle traduit des états d’âme sans représentation de formes extérieures. Il dit que les arts plastiques, par exemple, sont plus apolliniens que dionysiaques et que, lorsque l’art néglige l’élément dionysiaque, il tombe dans la décadence (l’art décadent étant celui de la lamentation et de la renonciation). Nietzsche pense que le fait que l’art soit décadent ou art d’apothéose est intimement lié à la physiologie de l’artiste.

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