Chroniques

Hors-jeu : La banalisation de la détresse

L’ex-international Tissir ne va pas bien, ne vit pas bien et il se sent mal dans sa peau. Il n’ose pas le dire en public, mais son silence, sa fuite en avant ne peuvent que nuire à sa petite famille. D’autant plus que deux de ses filles ont choisi d’être des professionnelles du sport dans le sens académique du terme. En plus de son mal-être, Tissir n’a pas de quoi nourrir sa famille.
C’est triste de le dire, mais dans ce monde où l’égoïsme frise l’ostracisme, on est devenu insensible à la détresse des amis, voire de la famille. Quant au milieu du sport, on sait comment ces acteurs s’entretuent quand tout le monde se porte bien. Il ne faut pas donc s’attendre à ce que cette animosité se transforme en amitié quand l’un de ses membres quitte la scène pour une retraite incertaine.
La solitude des «retraités» sportifs marocains n’a d’égale que la misère dans laquelle, la plupart, ils vivent. Il est rare que la machine de la solidarité soit actionnée par ceux que la vie a épargnés. En football, par exemple, cela fait un bail qu’à Abderrahmane Belmahjoub représente à lui seul une association caritative pour venir en aide à d’anciens coéquipiers démunis. Mais comme le dit l’adage marocain, une seule main ne peut pas applaudir et il faudrait institutionnaliser cette entraide pour sauver des sportifs de la déchéance.
Tissir, l’ex-joueur et virtuose de l’USM de Mohammedia, est depuis des années abandonné à son sort. Celui qui a émerveillé le public marocain par ses dribbles, ses feintes et ses buts, n’a plus un seul supporter dans sa détresse. Beaucoup de ses pseudos amis détournent même leur regard à chaque fois qu’ils le voient arriver comme s’il était un banni de la vie. Or ceux-là, nos dirigeants, les journalistes et tout le monde, ignorent le temps d’un bonheur éphémère, que la roue de la vie tourne. Et comme elle a tourné dans le mauvais sens pour Tissir, Houcine et bien d’autres, elle risque de broyer ceux qui ne compatissent pas avec les déshérités d’aujourd’hui.
L’ingratitude des acteurs sportifs marocains dénote de la déshumanisation du football et du sport en général. Il est temps de retourner sur cette terre dans laquelle nous subissons une vie provisoire pour que les sportifs s’entraident. Il est temps aussi que le président de la fédération, le Général de corps d’armée, Housni Benslimane, fasse fonctionner la caisse d’entraide dont il a été le précurseur. Le président de la FRMF en a les moyens, la volonté et la générosité pour la mettre en oeuvre.

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