Chroniques

Label marocanité : Dérapage contrôlé

© D.R

A Genève, à un jet de chez moi, j’ai eu le privilège de représenter le CCDH à la Commission des droits de l’Homme des Nations unis. Celle-ci se réunit, une fois par an, pour une durée de six semaines. Bien qu’elle soit peu connue du grand public, cette rencontre est très courue par les militants, les ONG et les Etats. C’est une sorte de tour de Babel des droits de l’Homme. Un immense raout international où s’examine la barométrie des droits humains. Ce sont les Etats qui s’expriment, la première semaine de cette manifestation. Puis, place aux ONG qui «lobbyineront» les quatre semaines restantes. Cette procession est raide comme un calviniste. Je ne prévoyais donc pas d’en parler. J’ai, toutefois, du mal à résister à la gourmandise de relater un incident diplomatique dont l’intérêt réside dans sa part symptomatique.
A la tête de la délégation marocaine, le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, va prononcer un discours dans lequel il brossera l’aquarelle des avancées marocaines, en matière des droits de l’Homme. A en juger, selon la qualité de l’écoute, son exposé a rencontré un certain succès pour ne pas dire un succès certain.
Comme tout Marocain digne de ce nom, homme politique d’expérience de surcroît, le ministre de la Justice va, devant un parterre d’avertis, évoquer la tragédie humanitaire des Marocains prisonniers à Tindouf. Il parachèvera son propos en appelant à «la libération totale, immédiate et inconditionnelle» de ces détenus marocains devenus, au fil du temps, les doyens des embastillés de la planète. Cette conclusion, ajoutée à la qualité du propos, a visiblement donné l’urticaire au délégué de l’Algérie. Celui-ci va, enfreignant tous les usages diplomatiques, se lancer, ex-abrupto, dans un delirium, comme s’il était atteint d’une polisarotite aiguë. Dans un militantisme pavlovien et radotant, le délégué va enchaîner, de façon coranique, quelques refrains fanés et de jérémiades enrobées dans un révolutionnarisme périmé, démagogique et populiste: « Ouille ! L’affaire du Sahara est une question de décolonisation»… «Oh ! Ce territoire est la dernière colonie de l’Afrique»…  «Aïe! Les prisonniers marocains sont entre les mains du Polisario» «Ah! Le Polisario est un mouvement de libération nationale»… «Ouhhh ! Le Maroc occupe le Sahara en violation de la légalité internationale». Le symptomatique, dans cette réaction, est plus savoureux que le diplomatique. Toute l’algérianité du délégué va être interpellée par un discours qui ne cite pas nommément l’Algérie. Pourquoi ? Mohamed Bouzoubaâ défend, au nom de son pays, une position. Le délégué algérien s’épanche sur une posture qui se mue, grossièrement, en imposture. En vertu de quoi? Le Marocain, et c’est son droit, s’attache à défendre une conviction et un texte dans un lieu approprié pour parler des droits de l’Homme. L’Algérien rétorque en se trompant de contexte, puisque les questions politiques ne se traitent pas à Genève, mais à New York. Comment se fait-il ?
Le manque d’élégance de la sortie, peu diplomatique, du délégué algérien prouve, à sa manière, que le Polisario n’est que le cheval de Troie des desseins algériens.

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