Chroniques

Label marocanité : Fraîcheur et rance

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Pour l’instant, on est encore engouffrés dans les histoires de cul de Strauss-Kahn où chaque jour amène son lot de coucheries. Seulement voilà, la violente attaque du Premier ministre François Fillon, d’habitude tellement prudent et flegmatique, contre la déclaration, un peu bisounours, d’Eva Joly sur son intention de supprimer le défilé du 14 juillet en dit long sur le futur climat et sa violence.
L’ancienne juge d’instruction qui en a fait voir, des vertes et pas des mûres, à plusieurs puissants dont Strauss-Kahn et Loïk le Floch Prigent, P-dg de l’entreprise pétrolière ELF, à peine promue candidate officielle et écologique va se voir se reprocher sa fraîcheur française. D’habitude, la fraicheur est une qualité comparée à l’odeur rance et à la moisissure que dénonçait autrefois Philippe Sollers, mais passons.  On pouvait supposer que les sorties du député UMP Claude Goasguen proposant, dans le sillage du Front national, la suppression de la bi-nationalité, étaient simplement destinées aux Maghrébins et aux Africains d’Afrique subsaharienne. Nous voici donc avertis. Les autres Franco-norvégiens, à peine débarqués de leurs Drakkars, sont donc aussi visés. S’il est impérieux pour les musulmans et les Noirs de se fondre dans la masse jusqu’à devenir invisibles, monsieur Fillon vient d’innover en invitant Mme Joly, au risque d’être une apatride ingrate, de la retenue et à éviter de toucher aux sacralités françaises, bien que candidate à la fonction suprême. Il est donc loin le temps où Nicolas Sarkozy se présentait, en ce 14 janvier 2007, comme «un Français au sang mêlé». Ce jour là, Sarkozy, encore candidat, à moitié hongrois, bientôt divorcé d’une Espagnole et aussitôt remarié avec une italienne, parlera à une France qu’il désirait conquérir aussi bien avec ses Gaulois de souche qu’avec sa diversité multiple. Il n’hésitera pas ce jour là à s’inscrire dans ce qu’a opposé Fillon à Eva Jolly en parlant «de tradition française et de valeurs de la France». La seule différence, et elle est de taille, c’est que Sarkozy de 2007 cherchait ses mots et son inspiration chez Jean Jaurès et Léon Blum, aidé en cela par cette plume, qui s’offre au plus offrant, de Max Gallo et par celle, plus sincère de Henry Guaino, ce fils de femme de ménage. Fillon, lui, pour répondre à Eva Jolly et en s’attaquant à ses origines, tente de préempter l’un des thèmes favoris de Marine Le Pen. Ce n’est pas une erreur. C’est une faute morale et politique.

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