Chroniques

Label marocanité : La gauche bouffonne

Dimanche, les femmes et les hommes de gauche iront à Canossa. Ils se dirigeront, un peu à reculons, vers les urnes comme les pendus vont à la potence. Ils ne mettront pas un bulletin de conviction, mais un bulletin de survie. Pas un bulletin idéologique, mais un bulletin de ces réflexes célébrés par Pavlov. C’est qu’ils savent que la défaite n’est pas seulement annoncée. Dans leur intime conviction, ils n’ignorent pas qu’elle est déjà consommée.
La déception est là. Et la colère n’est pas loin. Les espoirs de la gauche étaient réels. Ils ont été balayés par la tempétueuse victoire de Nicolas Sarkozy dont l’histoire retiendra qu’il aura été celui qui aura littéralement siphonné le Front national pour le réduire à son étiage des débuts des années 80. Mais ils ont été aussi dilapidés par tous ces leaders de gauche dont les narcissismes disproportionnés sont tels que cela a fini par rendre la droite sympathique.
Les soirs d’élections, il y a toujours la médaille et son revers. S’il ya la défaite des uns, c’est qu’il y a la victoire des autres. Les caméras s’amusent à juxtaposer les mines défaites aux sourires rayonnants. Les regards hagards aux visages lumineux. Les sourires crispés aux rires toutes dents dehors. C’est un rituel et c’est normal. Ce qui l’est moins, c’est que l’incorrigible  gauche en soit déjà au coup suivant. Les réquisitoires contenus sortent du bois. L’armurerie est ouverte. C’est le temps du flingage.
Dimanche dernier, c’est Manuel Valls, vieux jeune jospiniste anciennement biberonné au rocardisme qui va tirer le premier en déclarant en avoir marre de voir le parti socialiste «tourner autour de la vie d’un couple». Dans sa ligne de mire, il n’y a pas seulement le couple Ségolène-Hollande, mais aussi le parti. Il prend date et appelle sournoisement à la rébellion. C’est aussi Malek Boutih (Bounty pour les jeunes des quartiers tant il est noir de l’extérieur et blanc de l’intérieur) qui, déçu d’être éliminé au premier tour, fera preuve d’une animosité sans son nom. Il mettra en cause personnellement Hollande accusé de l’avoir envoyé «  au casse pipe ». Le « personnellement » est politicien. Il sert à absoudre Ségolène dont il est très proche par l’intermédiaire de son tuteur Julien Dray. C’est vraiment à vous dégoûter de la politique partisane.
Et puis il y a Hollande et Ségo. Ce n’est plus un couple. C’est un trouble. Ce n’est plus un ménage. C’est un manège. Presque du Vaudeville. Comme disent les Marocains, les imams dont attendaient la bénédiction sont rentrés dans la Mosquée avec chaussures et talons aiguilles. Ils se succèdent pour s’adresser l’une à ses dix-sept millions d’électeurs et l’autre aux militants pour les appeler à la mobilisation. Outre que c’est une première, ce spectacle est plutôt de nature à démobiliser. Quand l’une annonce qu’elle va téléphoner à Bayrou. L’autre, jamais en manque d’une saillie humoristique, rétorque qu’on est «dans une démocratie téléphonique» où chacun fait ce qu’il veut. C’est à se demander si c’est deux se voient, de temps en temps, dans leur salle de bains commune.

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