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Label marocanité : Le Maroc, victime de Maddie

Maddie, c’est le petit nom d’une fille de quatre ans. Elle est anglaise et s’appelle Madeleine McCann. Elle a énigmatiquement disparu lors d’un séjour avec ses parents au Portugal. Cette affaire est actuellement le fait divers le plus mondialement médiatisé. Maddie, ce sobriquet est massivement utilisé par les médias au point de nous le rendre familier. Il nous est devenu intime. Un surnom enfantin évoque bien entendu l’innocence, la proximité et l’émotion.
Le mystère de cette disparition s’est noué au soir du 3 mai. Pendant que ses parents picoraient des tapas dans le bar de la station balnéaire, la petite dormait dans une chambre qui se trouvait à proximité du bar. Des trois enfants, elle sera la seule à disparaître.
Hormis que cela concerne une enfant, deux thèses rendent cette affaire sensible. La première, la plus sordide, est celle d’un infanticide, même involontaire. Cette thèse parle d’une mort accidentelle de Maddie, peut-être en raison d’une surdose de sédatifs administrés à la petite pour la faire dormir. L’accident serait alors maquillé en disparition ce qui en ferait un crime. Cette thèse accable la mère. Elle est soupçonnée d’avoir commis un «homicide par négligence» avant de garder le corps pour mieux s’en débarrasser.
La seconde thèse évoque, elle, des réseaux pédophiles. Le fait divers en est devenu européen, et grâce au Maroc, international. On a parlé dans un premier temps de deux hommes et d’une femme blonde «d’apparence anglaise», aperçus à bord d’une voiture immatriculée en Grande-Bretagne dans une station-service le jour de la disparition, et qui, la veille, avaient été surpris en train de photographier des enfants. La piste ne mènera nulle part. Le 15 mai, un Britannique est mis en examen par les autorités portugaises, et sera vite disculpé. Puis sont venus les témoignages qui affirment avoir vu Maddie aux Pays-Bas ou en Belgique.
Depuis l’été, c’est le Maroc qui est la victime collatérale de cette affaire. La présence de Maddie y a été plusieurs fois signalée. Surtout par des touristes. Une Norvégienne pense avoir vu la fillette à Marrakech. Des Anglais ou des Espagnoles l’ont signalée à Rabat ou dans les environs de Tanger. Mais le plus cocasse des signalements a été rendu public cette semaine avec, il faut le dire, une certaine hystérie. C’est une photo prise par un couple de touristes espagnols en vacances dans le nord du Maroc, qui va renforcer la piste marocaine. Cette photo a fait la Une de toute la presse anglaise. On y voit une Chamalia, habillée en couleurs locales et portant un sombrero et une petite fille sur le dos. Rien d’anormal dans cette région, si ce n’est l’exotisme pour un regard étranger. Or la petite fille sur le dos est blonde. Et comme les Arabes, on le sait, ont tous les cheveux noirs et crépus. Que fait donc une blonde dans une zone du Maroc connue pour ses trafics de drogue et ses réseaux mafieux? Finalement la supposée Maddie s’appelle Bouchra. Et elle est blonde et marocaine. Comme quoi les apparences sont trompeuses et qu’un a priori défavorable peut aboutir à un acte d’accusation!

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