Chroniques

Label marocanité : les limites d’une ouverture

L’audace serait donc poussée jusqu’à la nomination d’un socialiste à la tête de la Cour des comptes. C’est fait. C’est à Didier Migaud que revient le fauteuil de l’une des plus prestigieuses institutions de la République. Pour le Conseil constitutionnel, lieu de la sagesse, les trois postes vacants seront dévolus à l’ancien député et ministre centriste Jacques Barrot et aux deux sénateurs Hubert Haenel et Michel Charasse. Ce dernier est censé constituer une belle prise et l’un des derniers scalps de l’ouverture. C’est un leurre. Sans compter que Charasse est plus un trublion qu’un sage, tout le monde s’accorde à reconnaître chez lui le goût pour la bonne chaire et pour le verbe cru. Provocateur en diable, il est souvent espiègle, du genre à se damner pour un bon mot. Fin connaisseur du paysage politique, cela lui a valu d’être l’un des plus proches collaborateurs de François Mitterrand qu’il faisait allégrement rire. Figure du socialisme laïcard, franc-maçon et bouffeur de curé, il fut l’un des hommes puissants du règne de Mitterrand. Conseiller à l’Elysée, il deviendra ministre du Budget où il n’hésitera pas ostentatoirement de proférer des menaces de contrôles fiscaux pour ceux qui le contrariaient.
On ne peut cependant comptabiliser Charasse sur l’ouverture politique. Du Parti socialiste, celui a été écarté à la différence de Didier Migaud, socialiste, député, et jusque là, président de la Commission des finances au nom de l’ouverture parlementaire. Les socialistes ont exclu Michel Charasse pour avoir notamment reçu dans sa mairie de Puy-Guillaume Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence. Et surtout pour avoir soutenu un candidat dissident à la présidence du Conseil général en 2008.
De fait, les socialistes considèrent désormais le Conseil constitutionnel comme politiquement monocolore. Mais c’est la droite qui commence à s’agacer de cette ouverture. «Trop c’est trop !» commencent à maugréer certains. «Il faut désormais avoir sa carte au PS pour obtenir des responsabilités dans la République», s’est outré un autre. «Migaud à la Cour, Charasse au Conseil constitutionnel et bientôt Royal au Commerce extérieur», a ironisé, de son côté, un ponte du parti présidentiel. Les langues se délient et il y a comme un  début de désacralisation de Sarkozy. Est-ce l’effet De Villepin? Est-ce la bérézina annoncée pour les Régionales? Est-ce l’impact des sondages défavorables pour les présidentielles de 2012?

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