Chroniques

Label marocanité : Temps de chien pour l’Islam

© D.R

Des démocrates qui discutent avec des extrémistes musulmans, c’est comme des gastronomes qui conversent avec des anthropophages. Quand les uns vantent les nuances et les saveurs d’un plat, les autres n’ont qu’une pensée : déguster non pas le plat mais «les gastronomes».
Hormis qu’elle soit d’une imbécillité insondable, l’affaire des journalistes français, otages d’une bande de crétins, n’a en soi, hélas, rien d’exceptionnel. Nous en avons vécu et nous vivrons encore ces configurations. Même Bush, l’autre buté, vient de le reconnaître en avouant qu’il sera difficile d’éradiquer le terrorisme par les armes, sans éliminer les causes qui le font prospérer.
L’inédit et l’outrageant en revanche, c’est la revendication que cette action porte. Sous réserve de vérification, c’est la première fois qu’une prise d’otages cherche non pas à faire plier la politique étrangère d’un pays souverain, mais d’influer sur sa politique intérieure.
Plus affligeant encore. Voilà des gens notoirement butés. Qui ne supporteraient pas la moindre chicane sur leurs convictions ! Qui ne changeraient pas la moindre virgule dans leurs croyances ! Qui sont rétifs et récalcitrant à toute évolution ! Qui condescendraient à nous faire vivre au siècle de Yunès (Jonas) ou celui de Youssef (Joseph) ! Et ce sont ces goujats-là qui demandent à une vieille nation, démocratique et républicaine de modifier une loi votée par sa représentation nationale. Qui plus est, une loi adoptée après un grand débat houleux, entre partisans et adversaires de toutes obédiences religieuses, mais néanmoins exemplaire.
C’est dire qu’il n’y a plus de lignes indépassables. Les lignes rouges ? Gommées. Les lignes jaunes ?
Dégagées. Reste le vert, couleur accablée devenue, en ce début de siècle, captive d’une sinuosité dévastatrice.
Ces malfrats réussissent de plus en plus l’exploit de claquemurer l’islam dans une forme de pensée criminogène. Ces haines cagoulées qui triomphent le temps d’une émotion. Ces égorgeurs sans visage qui excellent dans la mise à mort. Ils ne font pas que décapiter un Daniel Pearl, un Enzo Baldoni ou les népalais anonymes. Ils n’accomplissent pas uniquement, comme les poseurs de bombes, leurs cousins, le saccage de la famille madrilène ou la dévastation du foyer casablancais. Ils sont en passe de réussir l’assassinat de l’idée même de paix et de tolérance que portent les syllabes de l’islam. Loin des mafieux avec règles et logiques, ils n’ont ni foi ni loi. Usant et abusant de l’impuissance du corps et de sa vulnérabilité pour faire chanter la puissance des nations, comment voulez-vous qu’ils ne méprisent pas les fragiles codes de la diplomatie ? Qu’ils ne brisent pas les réglettes délicates du droit international ? Qu’ils ne soient pas atteints d’une myopie sévère qui confond l’écart, pourtant énorme, entre amis et ennemis ?
Deux remarques :
Si d’un côté, dans cette circonstance inédite, le monde musulman s’insurge presque unanimement, c’est que, au-delà de la place particulière de la France, il a un peu honte, ce monde musulman. La honte, affirmait Marx, est un sentiment révolutionnaire. Cette honte nous devient nécessaire. Vitale. Sans quoi, ces truands incultes extermineraient le peu qui reste de notre humanitude.
De l’autre côté, la promptitude de la réaction des représentants de l’Islam en France, pour fulgurante qu’elle soit, n’en est pas moins révélatrice. Au-delà de la peur des réactions à venir, elle participe d’une forme de culpabilité. Ils étaient les premiers à agiter le chiffon (le voile) rouge sans penser que ce bruit-là pouvait troubler le sommeil de la bête immonde.

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