Chroniques

Label marocanité : Un scrutin illisible

Un brin sarcastique, François Hollande brocarde, dans les meetings, Jacques Chirac qui, en annonçant sa décision de ne pas se représenter, a réussi son meilleur discours en douze ans de présidence. Il ne faut toutefois pas s’y tromper. Ce retrait est loin d’être une retraite.
Si Jacques Chirac n’aspire plus à conquérir les suffrages des électeurs, il développe actuellement une faconde épistolaire destinée à atteindre le lecteur. Un gros livre avec Péan. Un gros pavé annoncé pour la fin de cette semaine. Et puis ce soutien, sobre et minimaliste, pour Sarkozy.
Si Mitterrand l’agnostique, malade et conversant déjà avec la mort, avait laissé un message mystique dans un discours testamentaire où il promettait de rester avec les Français là où il sera, sous-entendu au ciel. Jacques Chirac est plutôt du genre terrestre pour ne pas dire terre à terre.
C’est ici et maintenant qu’il entend peser sur les choix du pays. Et comme à son habitude, il mute dans les périodes électorales. Là, il emprunte la toge du commandeur qui distille des conseils sur ce qu il est judicieux de faire et surtout sur ce qu’il y a lieu d’éviter de faire.
Qu’on en juge : le communautarisme est incompatible avec la République qui ne reconnaît que les individus et qui a pour airbag la laïcité. La discrimination à beau être positive, elle reste discrimination et ne peut s’accommoder d’un adjectif censé l’adoucir. Le pacte social français doit être préservé de toute dérive libérale, cette «perversion de pensée». Mais aussi de toute errance gauchisante. L’extrémisme, surtout celui de droite, doit rester interdit de noces avec Marianne. Chirac est ainsi l’avocat politique d’une France éternelle qu’on gouverne avec tact et délicatesse. Tous ces avertissements, loin d’être subliminaux, semblent être destinés au candidat pour qui il a l’intention de voter.
Les candidats, eux, seront douze comme les apôtres. On revient à une moyenne raisonnable. En 2002, ils étaient 16 avec le résultat que l’on sait. 10 en 1995. 9 en 1988. Et 11en 1981.
La ligne de départ est maintenant tracée, en tricolore. Les prétendants, petits et grands, auront le même temps de parole. Quatre, Sarkozy, Ségolène, Le Pen et Bayrou, c’est sûr, comptent. Les autres cherchent principalement à se compter.
Souvent absent de la France, j’ai actuellement comme un rhume politique. Je ne sens rien. Mais il y a des évidences. Sarkozy, assailli sur son flanc droit par un Bayrou, opportunément antisystème, commence à montrer des signes de nervosité. Bayrou joue, il est vrai, excellemment une forme de poujadisme convenable qui décomplexe l’électeur. D’où la baudruche sondagière. De plus et n’en déplaise à l’énergie déployée par Rachida Dati, c’est intenable pour Sarkozy qui se gausse d’avoir un bon bilan en matière de sécurité, d’avoir du mal à retourner à Argenteuil où il promettait de traiter la racaille au Kärcher. C’est pleutre et cela risque de coûter cher. Ségolène patine à force de zigzaguer entre sa liberté et le dogme. Et Le Pen, tel un gros matou, s’impatiente de bondir sur la der des der. Ça va être ric-rac.

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