Chroniques

Les Andalousies de la fraternité

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Alors qu’un peu partout dans le monde, le temps est à la divergence, aux conflits et aux pensées uniques, Essaouira a l’habitude de rassembler le temps de ce festival une pléiade d’intellectuels, d’artistes, de penseurs et d’hommes d’Etat, mais également de simples citoyens.

13ème année du Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira, 13 éditions où la musique judéo-andalouse a réussi non seulement le pari de réunir autour de la culture mais aussi celui d’unir autour du débat, du dialogue, du partage lors de conférences matinales, artistes et public venus des 4 coins du monde.

Fête de la mémoire retrouvée et du bonheur d’être ensemble, comme le dépeint justement son initiateur André Azoulay, le Festival des Andalousies a  une fois de plus tenu toutes ses promesses. Alors qu’un peu partout dans le monde, le temps est à la divergence, aux conflits et aux pensées uniques, Essaouira a l’habitude de rassembler le temps de ce festival une pléiade d’intellectuels, d’artistes, de penseurs et d’hommes d’Etat, mais également de simples citoyens.

Le plaidoyer des valeurs de paix, de l’altérité, du vivre-ensemble et du rapprochement entre les civilisations,  qui émane d’Essaouira est un signe non seulement pour le Maroc dans son ensemble mais bien au-delà des frontières.

Les Andalousies ne sont pas seulement un festival, mais bien plus que cela, car en fait tout se passe partout, bien sûr le spectacle est sur la scène le soir dès la nuit tombée, mais tout au long de la journée ce sont des concerts intimistes à Dar Souiri, mais aussi des rencontres au coin des ruelles, dans les petites échoppes de la médina, des retrouvailles et des embrassades émues.

En fait, plusieurs mondes se retrouvent, ce sont d’abord ces compatriotes marocains musulmans et juifs qui se redécouvrent – ne s’étant parfois pas vus depuis des décennies- ce sont aussi tous nos compatriotes venus d’Israël, très nombreux : les anciens qui respirent les effluves de leur enfance ou bien les nouvelles générations qui découvrent le pays de leurs origines.

Ce sont aussi tous ces Marocains de cœur installés à Essaouira ou venus d’autres villes du Maroc ou encore de France, d’Espagne, de Belgique… bref venir au Festival des Andalousies c’est venir à la rencontre de l’Autre, c’est venir à une sorte de communion, pas de la nostalgie mais de la fraternité qui a de belles choses à dire au monde. S’il fallait ne retenir qu’un moment de cette édition des Andalousies ce serait le concert de Raymonde El Bidaoui, qui est un parfait concentré de ces 3 jours : l’émotion, l’enthousiasme, la fête et le partage.

En près de 2 heures la Diva a fait passer les spectateurs par tous les sentiments et a su résumer le sentiment général d’une phrase : «Ce qui fait que nous sommes en quelque sorte uniques c’est qu’au-delà des religions, au-delà des ethnies, au-delà des générations… un lien indéfectible nous unit : notre marocanité !».

Le monde va mal, pourtant des îlots de résistance se créent ou s’ancrent, le Festival des Andalousies Atlantiques en est un, peut-être même l’un des plus anciens et des plus solides, cette 13ème édition a sûrement été une des plus importantes et le succès rencontré – plus de 2.000 personnes présentes le dernier soir – est le signe que ceux qui ne veulent pas se laisser emporter par le torrent de populisme et de haine qui nous menace, sont  mobilisés, prêts à défendre leurs valeurs, d’ailleurs universelles !

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