Chroniques

Lettre de Marrakech : Aznavour, Un Armenien qui aime Marrakech

Parmi les nombreuses personnalités qui visitent fréquemment Marrakech, Charles Aznavour en est un. Qui ne connaît pas ce grand monstre de l’art car il est inutile de rappeler que Monsieur Aznavour a embrassé la chanson, le théâtre, le cinéma, la peinture et même le social…
Essayons de le faire connaître mieux au public marocain car souvent il rend visite à notre ville où il vient se reposer et qu’il adore.
Une des dernières visites m’a permis de le côtoyer lors d’un dîner organisé à Marrakech sur la terrasse du restaurant se trouvant place Jemaâ El Fna. Il était venu avec sa fille Katia. Quel homme chaleureux, plein d’énergie.
Charles Aznavour est un homme de plus de 78 ans puisqu’il est né le 22 mai 1924 à Paris, fils de parents arméniens, travailleur acharné, il lui a fallu plus de vingt (20) ans pour connaître les premiers succès. Son père Micha, sa mère Knar ont travaillé dur en tenant un petit restaurant, rue de la Huchette à Paris, puis un autre rue Cardinal Lemoine. Son père, fils d’un cuisiner du Tsar Nicolas II est chanteur a donné le goût de la musique à son fils Charles qu’il inscrit à l’école des spectacles en 1933. Charles débuta dans des rôles de figurants au théâtre et au cinéma.
Quand la guerre éclata en 1939, Charles Aznavour dû travailler pour gagner sa vie, son père, étant mobilisé dans l’armée. Son premier pas dans la musique s’effectua en 1941 quand il rencontre un auteur compositeur Pierre Roche. Travaillant ensemble, la scène parisienne l’a adopté.
Petit à petit, les rencontres avec Edith Piaf, Charles Trénet, et surtout les tournées internationales, notamment les USA et le Canada à Montréal pendant des mois.
En 1952, Aznavour revient en France, et devient compositeur pour Misstinguett, Patachou ou encore Juliette Gréco, cette dernière obtient en 1952 le prix de la SAGEM pour sa chanson «je hais les dimanches».
Ce qui est extraordinaire, Charles Aznavour est venu faire une tournée en 1954, dans l’Afrique du Nord et notamment à Casablanca. Le Maroc allait avoir son indépendance deux ans plus tard. La même année, Charles Aznavour décrocha un contrat dans les deux célèbres music-hall parisiens : l’Alhambra et l’Olympia.
Charles Aznavour eût 2 enfants de sa première femme Micheline qu’il épousa en 1946: Seda et Charles. En 1956, il se remarie avec Evelyne Plessis qui lui donna un fils Patrick la même année. L’année d’après, en 1957, c’est le triomphe à l’Olympia et à l’étranger.
Parallèlement son succès cinématographique se produit dans plusieurs films : « Les dragueurs », « La tête contre le mur ». En 1960, François Truffaut le fait tourner dans « Tirez sur le pianiste ». A ce moment, Aznavour commence une tournée internationale qui le mène du Corregie-Hall de New-York, en Turquie, en Grèce, au Liban, en URSS et en Afrique. En Russie, la chanson, «La Mamma» le rend star, et qu’il chante en arménien dans son pays d’origine à Erévan.
En 1965, il revient à l’Olympia pendant presque 3 mois sans interruption ; en même temps il tourne le film «Paris au mois d’août» de Pierre Garnier-Deferre, et monte une comédie musicale «Monsieur Carnaval» où se trouve la fameuse chanson «la Bohême» Aussitôt après, il repart à l’étranger et surtout en Amérique latine chantant la version espagnole de sa chanson «Avec».
Un grand tournant de la vie de C.Aznavour se produit en 1968 quand il épouse en 3ème noce Ulla Thorsell qui lui donna 3 enfants : Katia- Misha et Nicolas.
En 1969, la consécration est de nouveau avec lui : la médaille Vermeil de la ville de Paris et le Prix de la société américaine des auteurs compositeurs avec sa belle chanson ; «Hier encore…»
La période qui va suivre connaîtra, pour cette star, un grand succès aux USA et un nouveau triomphe à l’Olympia avec «Les plaisirs démodés».
Vers 1975, soixantième (60ème) anniversaire du génocide arménien, il crée la chanson «Ils sont tombés» et tourne un film de Chabrol «Folies bourgeoises ».
Il faut noter qu’à ce moment, le chanteur Aznavour était repris par d’énormes stars, de la chanson : Ray Charles, Fred Astaire Bing Grosby.
D’année en année, star triomphante et connue à travers le monde, Charles Aznavour intercale ses tournées entre la France, les USA et surtout tourne des films comme le «Tambour» de Volker qui reçoit la palme d’or du Festival de Cannes.
Durant les années 80-90, Aznavour connaît de nouveau une intense activité Olympia, sortie d’albums, tournées en France et à l’étranger, film « Yddish connection »de Paul Boujenah, récital aux USA avec Pia Zadora, palais de congrès de Paris et enfin il crée en 1998, la fondation « Aznavour » pour l’Arménie », après le terrible tremblement de terre qui a frappé ce pays. Avec des artistes (90) il sort la chanson « pour toi Arménie » qui se vend à des millions d’exemplaires et qui lui permet en 1990, d’être nommé par l’Unesco ambassadeur permanent en Arménie.
En 1990, Monsieur Aznavour se remet au travail avec la sortie de son livre «Des mots à l’affiche», recueil de ses textes, et surtout un récital en duo avec Liza Minelli au palais des congrès de Paris en 1992, voulant rendre hommage à Edith Piaf et Charles Trénet, il rachète la maison de disque de Raoul Breton. En 1994 la société EMI réédite la totalité de son oeuvre (1000 chansons) dont + de la moitié est de sa propre composition-Trente CD voient le jour l’intégrale de son oeuvre.
En 1997, il reçoit le prix du meilleur intérprète masculin dans les Victoires de la musique et Jacques Chirac le nomme officier de la Légion d’honneur.
Durant cette année il y eut une idée extraordinaire, il fête ses 50 ans de chansons au festival de Montreux, en Suisse dix artistes célèbres interprètent ses succès.
A 74 ans, l’artiste, bien que fatigué, se remet en tournée aux USA qui apprécie son talent son romantisme et sa classe, il reçoit la même chaleur en URSS et surtout avec son dernier album chanté à la façon Jazz accompagné de tenors de ce domaine comme Ceccarelli, Petr Eccani et Reeves…
C’est vers le début de ce siècle que le grand Aznavour annonce, lors de ses derniers périples, ses adieux à la scène petit à petit.
A ce moment, je l’ai connu à Marrakech où il vient souvent avec sa fille Katia pour se reposer dans notre ville qu’il aime tant puisque la semaine dernière il y était encore. Un homme simple, vous le sentez, à côté de vous, habillé simple, goûtant le plaisir de la vie et écoutant les gens qui l’entourent.
Inutile de me poser la question s’il aime le Maroc, la réponse est claire, pays où il retrouve le calme, la paix et des amis. Une ville comme Marrakech attire beaucoup de célébrités car elle leur apporte un dépaysagement total une joie de vivre et ils y trouvent peut être cette hospitalité particulière et cette gentillesse où ils sont moins traqués par les paparazzis.
Charles Aznavour aime Marrakech et nous l’aimons ainsi que son oeuvre. C’est à cause des difficultés de son enfance qu’il a réussi – il a travaillé, il a bossé.
Dans son autobiographie publiée en 1980 il a écrit «j’ai ouvert les yeux sur un meublé triste rue Monsieur le Prince, au quartier latin de Paris….».
Nous, nous disons à Monsieur Aznavour qu’il peut venir et finir sa vie dans un beau et vieux Riad à Marrakech s’il le veut….

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