Chroniques

Mieux vaut en rire: Âge, mariage et marchandage

© D.R

Tous ceux et celles qui pensaient comme moi que notre classe politique était parfois consensuelle et même souvent unanimiste sont en train de vivre des moments de doute aussi douloureux que délicieux.

Je pense que c’est la première fois dans l’histoire de notre jeune démocratie que deux formations d’une même majorité gouvernementale se bagarrent presque publiquement sur un projet de loi ou plus exactement sur sa modification.

On pourrait même dire qu’entre les deux partis – considérés par beaucoup comme des faux-frères ou des faux-camarades, ça dépend sous quel angle on se place – ça commence vraiment à chauffer. Il faut dire que c’est normal que ça chauffe puisque –  pour faire un très mauvais jeu de mots –  le sujet est plutôt chaud car il s’agit du droit d’épouser des fillettes en bas âge sans même être obligé de leur demander leur avis étant encore des enfants.

Vous allez me dire que ce droit existe depuis toujours, mais justement nos chers camarades ont envie de lever la barre le plus haut possible alors que leurs frères, des gens du milieu, eux, veulent la remonter juste un petit peu. A l’heure où je suis en train d’écrire ces bêtises, eux sont encore en train de marchander, pardon, de négocier, pardon, de parlementer.

Les uns proposent qu’on saute de 15 ans, l’actuelle limite plancher tolérée avec une dérogation des juges qui ferment les yeux, et passer carrément à 18 ans qui est tout bonnement le minima légal de la majorité, bien sûr au sens majeur et universel du terme, les autres aimeraient y aller par paliers en passant par 16 ans, qui est, à leurs yeux, un âge déjà assez avancé. «Objection, ya ikhouane!» Crie une des députées qui n’est autre que l’ex-ministre de la famille, de la solidarité et d’un tas d’autres trucs plus ou moins domestiques.

«Surtout pas 16 ans ! Et vous savez pourquoi ? Parce que… comment dire… comme vous savez… les hommes, pour désigner des jolies fillettes qu’ils aimeraient dévorer toutes crues… disent… «satachiates»… Eh oui, elle a bien raison la camarade toujours combattante. Dans notre underground culturel fantasmatique transmis par nos ancêtres et par notre code génétique, les «satachiates» c’est ce qu’on pourrait appeler… «Les fruits de 16 ans».

Oui, je sais que c’est encore un autre très mauvais jeu de mots, mais je vous demande d’être indulgents avec moi aujourd’hui car je vous parais, comme ça, me marrer, en vérité, je bouillonne à l’intérieur. Mais où sont nos intellectuels ? Où sont nos hommes de gauche ? Où sont nos «progressistes» et nos «révolutionnaires» ? Où se cachent-ils ? Pourquoi la ferment-ils ? Pourquoi laissent-ils le débat descendre aussi bas? Seraient-ils eux-mêmes intéressés ? Ont-ils envie de consommer, eux aussi, des jeunes filles à peine pubères, en toute légitimité, avec l’aval légal du juge, du père, de la mère, des frères et… de tous les  simples d’esprit !

Pourquoi ce silence complice? Tenez ! Il paraît qu’on veut demander l’avis du Conseil National des Droits de l’Homme» avant de trancher! Mais pourquoi bon sang impliquer cet organisme qui a d’autres chats à ne pas fouetter alors que le Parlement a tous les droits pour légiférer et pour mettre un terme à ces pratiques d’un autre âge !

Les juges sont bien sympas, mais c’est des êtres humains comme nous, donc souvent faibles et parfois faillibles. Alors, pourquoi ne pas leur faciliter la tâche en leur évitant d’avoir à décider, très subjectivement d’ailleurs, du sort de pauvres fillettes qu’ils offrent comme un jouet à des mecs voraces alors qu’elles avaient encore envie de jouer avec leur poupée ou juste de continuer de rêver. Alors, camarades, je vous en supplie, ne les laissez pas tomber. Marx, Lénine et même Si Ali vous suivent du haut de leurs tombes.

En attendant que notre majorité devienne vraiment majeure, je souhaite à tous et à toutes les anti-pédophiles un très bon week-end. Quant aux autres…
Un dernier mot pour rigoler un peu : il ne faut pas fêter le pétrole avant de l’avoir pompé.

Articles similaires

Chroniques

Le Polisario, un poison africain

Que ce soit sur le plan diplomatique ou sportif, le Polisario pose...

AutreChroniques

Santé mentale et pouvoir d’achat

Il nous faut faire de la santé mentale des Marocains une priorité...

Chroniques

Chère prise de parole en public

Pour prétendre à te prendre en public, toi chère prise de parole...

Chroniques

Une véritable transformation et évidence du paysage socio-économique

Le rôle incontournable de la femme ingénieure au Maroc