Chroniques

Mieux vaut en rire, lettre à mes futurs représentants pour lesquels je n’ai même pas voté…

© D.R

Je ne me sens ni un héros ni un lâche. Je suis presque sûr que des comme moi, je veux dire des gens, pardon, des citoyens et des citoyennes, re-pardon, des électeurs et des électrices qui ne se sont pas déplacé(e)s pour accomplir leur «devoir national», sont légion. Je suis presque sûr que ce sont des millions qui ne l’ont pas fait ou qui ne vont pas le faire. Les uns n’iront pas voter parce qu’ils n’en verraient pas l’intérêt, d’autres parce qu’ils seraient un peu ou même trop déçus par les expériences précédentes, certains parce que les candidats et les candidates, c’est-à-dire vous, entre autres, ne les auraient pas convaincus, d’autres encore parce que vous ne les aurez pas assez payés, d’autres ne vont pas le faire par lâcheté ou par simple fumisterie, il y en aura probablement qui ne voteront pas pour des raisons idéologiques ou philosophiques, bref, chacun et chacune de ces abstentionnistes conscients ou inconscients, a décidé de ne pas bouger le petit doigt ou le petit orteil pour aller déposer, ne serait-ce qu’un bulletin à moitié vide dans une urne à moitié pleine.

Quant à moi, c’est un peu tout cela à la fois. En fait mes raisons sont très nombreuses et autrement plus complexes à tel point que je ne saurais  sincèrement ni vous les énumérer toutes ni encore moins vous les expliquer. D’ailleurs, je sais que je n’arriverai pas à vous convaincre, mais sachez aussi que je n’ai aucune envie de le faire. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler ici et ailleurs, je suis un démocrate, ou plus exactement j’essaye, autant que faire se peut, de l’être dans un environnement qui n’a pas toujours été un modèle de démocratie. Et en tant que démocrate j’estime que chacun et chacune a le droit de faire ou de ne pas faire ce qu’il veut ou ce qu’il ne veut pas. Cela dit, vous n’avez pas idée de l’importance que j’accorde personnellement au principe de l’élection et donc au droit et au devoir de voter. Non, je ne suis pas en contradiction par rapport à ce que j’ai dit plus haut. Ah comme j’aurais bien voulu moi aussi me présenter le jour J au bureau de vote de mon quartier, présenter ma carte d’électeur à qui de droit qui me la rendra avec le sourire, m’enfermer dans l’isoloir, seul avec ma conscience, et malgré l’embarras du choix, je vais choisir mon candidat ou ma candidate préféré(e), je vais mettre mon bulletin dans l’enveloppe que je mettrai à son tour dans une urne et après je vais sortir, fier et tranquille d’avoir choisi celui et celle qui va me représenter et défendre mes droits auprès de qui de droit, et donc, me faciliter la vie.

Or, je vous jure que malgré toute la bonne volonté que j’ai mise dans cette affaire, je n’ai pas réussi à être convaincu que ça vaut la peine de le faire. D’ailleurs, pour tout vous dire, j’ai même décidé de fuir pour ne pas être là le jour où on décidera pour moi. Oui, j’ai fui. En effet, au moment où vous allez lire ces lignes qui vous sont adressées plus particulièrement, mais qui sont adressées également à tous ceux et à toutes  qui comme vous, vont désormais décider de notre sort pour au moins 5 longues années, je disais donc, au moment où vous allez me lire, je serai, et j’y suis déjà, loin, très loin, en tout cas, assez loin de là où ca se passe. Officiellement je suis ici pour les vacances, il fait un temps splendide et les plages sont merveilleuses, pourtant, croyez-le ou pas, le cœur n’y est pas. Cette décision de partir, je l’ai prise depuis pas très longtemps, alors que quelques jours plus tôt, quand les pouvoirs publics avaient décidé de rouvrir les listes électorales, j’avais  pris mon courage en main, et je me suis inscrit pour la première fois. Je vous assure que c‘est vrai. Je connais même mon numéro d’électeur et l’adresse de mon bureau de vote.

Mais, hélas, je ne suis pas allé voter et je n’irai pas voter parce que, comme je viens de vous le dire, je suis ailleurs. Et depuis que je suis là où je me trouve en ce moment, c’est-à-dire depuis seulement 3 jours, je vous jure que je suis malade de voir de visu tous les bienfaits de la démocratie et, notamment, celle dite locale, autrement dit, celle qui gère la vie de tous les jours des gens aussi bien ceux qui ont voté que ceux qui n’ont pas voulu ou n’ont pas pu le faire. Tous ces gens-là, élus comme électeurs, sont liés depuis plusieurs décennies par un pacte solide et indélébile, un pacte où les droits des uns sont inséparables des devoirs des autres, et réciproquement. Hélas et mille fois hélas, chez nous, vous les futurs élus et nous les pas toujours bons électeurs, sommes loin, très loin de tout cela. Peut-être qu’un jour…
En attendant ce jour que j’espère ne pas trop tarder à arriver, je souhaite à tous les bons élus et les bonnes élues – parce que, heureusement, il y en a quelques-uns et quelques-unes – un très bon week-end et un plein succès dans leur mission. Quant aux autres…
Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : qui va disparaître de notre vue aussitôt élu(e) ?

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