Chroniques

Mieux vaut en rire : Tu ne puniras point…

© D.R

Ah, ces Marocains ! Jamais contents! Toujours en train de critiquer tout et tout le monde. Oui, c’est vrai, moi aussi, je passe mon temps à médire, mais, moi, c’est mon boulot. De plus, moi je le fais en rigolant, enfin, pour rigoler, quoi. Mais eux, quand ils râlent, ils sont vraiment sérieux. Moi aussi, je suis sérieux, mais eux, en râlant, ils deviennent nerveux. Certains voient rouge, d’autres tapent sur la table, et la plupart crient pour prouver qu’ils ont raison. Vraiment, je trouve qu’il n’y a aucune raison qu’ils se mettent dans cet état-là. D’abord, qu’ils le reconnaissent ou pas, les choses ont changé. Bon, soyons honnêtes, disons plutôt qu’elles sont en train de changer. En mieux, bien sûr. D’accord, ce n’est pas tout à fait ce qu’on attendait, mais, ne crachons pas dans la harira. Ce n’est pas non plus à la vitesse qu’on espérait. Mais comme disaient nos ancêtres et ceux qui les ont suivis : «ceux qui sont pressés sont morts». Vous savez, rien n’est facile. Et puis, à ma connaissance, personne ne nous a promis le paradis sur terre. Enfin, si, mais c’était juste une image. Une espèce de sur-promesse. C’est un peu comme la pub : entre ce qu’on nous montre à la télé, et ce qu’on trouve dans le paquet, il y a tout un… mensonge. Les fils de pub appellent ça d’ailleurs : « Le mensonge par omission». En gros, c’est un peu ça : je ne te mens pas, mais j’omets de te dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, je te jure ! D’ailleurs, en général, tout le monde les croit. La preuve : tout le monde ré-achète. En vérité, tout le monde pardonne. J’y arrive ! Le pardon ! C’est de ça que je voulais vous parler aujourd’hui. C’est un thème d’une actualité brûlante, et j’avais hâte de vous donner moi aussi mon avis là-dessus. En fait, ça me démangeait depuis le début, mais, pour tout vous dire, je ne savais pas quoi dire. J’étais… comment dire… un peu dérouté. En effet, voilà quelqu’un qui nous avait enchantés par ses belles chansons sur «la lutte contre la corruption», «le combat contre les pourris», «la guerre contre le fassad et les fassidines», et, du jour au lendemain, il décrète en déclamant, une main sur son oreille et l’autre sur le cœur, «qu’il faut savoir pardonner».  Après les remontrances, place à la clémence ! D’ailleurs, l’argument-massue, c’est lui-même qui nous le donne sous la forme d’une citation prophétique: «3afa Allah 3ama salaf» («Dieu pardonne le passé»). C’est clair, c’est net, c’est précis. Bref : c’est indiscutable! Vous, je ne sais pas, mais moi, je ne discute pas. Vous savez, malgré les apparences, je ne suis pas blanc comme neige. Je ne suis pas totalement irréprochable. Alors, vous comprenez, j’ai tout intérêt à applaudir cette amnistie qui nous tombe du ciel. Entre nous, si j’étais vous, j’aurais fait la même chose. On ne sait jamais. Imaginez qu’on vous ressorte une vieille contravention non payée, un ancien chèque sans provision oublié, ou, tout simplement, un petit revenu au noir non déclaré. En tout cas, vous faites ce que vous voulez, mais moi, non seulement je soutiens  à fond «Mister Effaçator» mais en plus, pour le remercier, je vais arrêter de l’embêter. Mais auparavant, j’aimerais lui faire un dernier reproche : il aurait dû quand même nous prévenir plus tôt, comme ça, au moins on aurait pu, nous aussi, comme certains, «faire nos provisions». Maintenant, ce qui est fait est fait, l’important, c’est de ne plus recommencer. Alors, on efface tout et… on recommence. En attendant, bon week-end les repentis, et bonne continuation les autres.

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