Chroniques

Nos ancêtres les tricheurs…

© D.R

Autrement dit, par exemple, qu’on a rempli des urnes avant le vote avec des bulletins reçus la veille, qu’on a ramené des gens de force en les obligeant à voter pour tel ou tel candidat, qu’on a obligé des représentants de candidats à signer des PV contre leur volonté, bref, qu’on a fait comme on faisait avant durant des années, voire des décennies. «On», ce sont bien sûr les autorités locales, «les responsables», le «makhzen», ou, si vous préférez, «le pouvoir» comment l’appelait feu le vrai militant de gauche que la paix soit sur son âme belle et rebelle.

Et, bien sûr, loin de regretter cette époque hideuse, j’applaudis des mains et des pieds cette très belle évolution, que dis-je ?, cette superbe révolution. Depuis le temps qu’il en souffre, il était temps que  le Maroc montre et démontre qu’il est capable, lui aussi, de jeter aux orties ces pratiques archaïques et obsolètes spécifiques des pays sous-développés et des régimes dictatoriaux. Tout cela, disais-je, c’est du passé, et de ce passé, nous avons fait, je l’espère, table rase une fois pour toutes. Mais, parce qu’avec moi il y a toujours forcément un mais, notre problème, je veux dire, notre problème existentiel avec la démocratie, n’est toujours pas définitivement réglé, hélas, loin s’en faut. En fait, je suis très mal placé et surtout très peu outillé pour pouvoir donner un avis avisé sur cette problématique vieille comme le monde démocratique et immense comme l’océan Atlantique.

Mais, je vais vous demander de m’accorder votre attention juste quelques minutes pour que je puisse vous donner mon opinion très vague sur la période élective que nous venons de vivre, chacun et chacune à sa manière. D’abord, comme je viens de vous le dire, l’Etat, le makhzen, le pouvoir quoi, n’a fait que ce qu’il était obligé de faire, du moins c’est ce que je crois. Je ne vais pas le remercier ni le féliciter et je n’ai pas à le faire car, après tout, il n’a fait que son boulot. Cela dit, si vous, vous avez des informations contraires, preuves à l’appui, vous pouvez me les communiquer par mail et je me ferai un plaisir d’en faire bon usage en les mettant à la disposition du plus large public, tout en préservant strictement votre anonymat, je vous le jure. Maintenant, voyons la responsabilité des autres.

Je vais commencer d’abord par ceux qui sont censés nous encadrer, nous conscientiser, nous responsabiliser, nous représenter, nous défendre et défendre nos intérêts auprès de qui de droit et gérer au mieux notre argent, c’est-à-dire celui de nous les contribuables, et nous assurer toute la belle vie à laquelle nous aspirons légitimement tous et toutes, j’ai nommé, sous vos applaudissements nourris et hypocrites, les partis politiques et leurs candidats et candidates. Je ne l’ai jamais caché, mais depuis le lancement de la campagne électorale et même bien avant, ils n’ont pas arrêté de dire et de faire le tout et son contraire. C’est vrai, je ne devrais pas généraliser parce qu’il y a quand même quelques rares exceptions, même si je ne devrais pas déranger le pluriel pour si peu. Revenons aux autres : ce serait trop long à développer, mais si je devais résumer en une seule phrase, je dirais que c’est vraiment du n’importe quoi.

Les autres responsables, ce sont les électeurs et les électrices, c’est-à-dire vous et moi, enfin surtout vous car moi, je suis un mauvais citoyen un peu lâche, mais comme vient de me dire un copain au téléphone, un lâche qui est quand même assez courageux pour dire ce qu’il pense. Nous sommes responsables parce que nous cautionnons tous ces discours redondants et souvent creux et vagues et nous leur donnons du crédit, un crédit dont nous risquons d’en être bientôt les débiteurs. Et enfin, j’en arrive aux plus beaux et aux réellement les plus lâches : nos intellectuels ou ce qu’il en reste.

Eux, c’est simple, ils sont devenus tellement muets qu’on a l’impression qu’ils sont tous morts. Les vrais ne se taisaient jamais, mais eux, hélas, sont vraiment morts. Bon maintenant, tout cela peut vous paraître confus et décousu, mais si vous voulez que je vous le développe, donnez-moi une tribune, et je vous promets de pas m’arrêter.   
En attendant, et en attendant de connaître bientôt nos maires et leurs pairs nos conseillers chargés de nous représenter, et de savoir à quelle sauce ils vont nous déguster, je souhaite à tous les lâches-courageux et à toutes les lâches courageuses un très bon week-end. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : si on devait avoir bientôt des élections parlementaires anticipées, devinez quelle est la coalition qui va nous gouverner ?

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