Chroniques

Périscope : L’Amérique sacrifie un allié

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La Russie, qui a reçu pour la première fois le Prince Abdellah Ben Abdelaziz, affiche sa proximité de vues avec l’homme fort du Royaume d’Arabie Saoudite sur tous les problèmes qui agitent le Proche-Orient. Au-delà des déclarations de principe, cette visite est historique. En effet, même si les relations diplomatiques entre les deux pays remontent à 1926, la défunte Union soviétique entretenait, dans la région,- des relations privilégiées uniquement avec la Syrie et l’Irak,avant que la Russie, née des décombres de l’URSS, ne se replie sur la zone traditionnelle d’influence de l’ex-régime communiste. Les relations entre Riyad et Moscou avaient même empiré ces dernières années, les Russes accusant les Saoudiens d’aider les indépendantistes tchétchènes. Ces relations n’on évolué positivement qu’ à la lumière du conflit irakien et l’escalade dans l’agression israélienne contre le peuple palestinien. Cette idylle naissante entre l’Arabie Saoudite et la Russie coïncide aussi avec le refroidissement des relations des Princes saoudiens avec l’Administration Bush qui leur reproche de ne pas combattre l’extrémisme religieux wahhabite, impliqué dans les attentats du 11 septembre. Le Prince héritier saoudien, qui craint que les Américains abandonnent son pays pour l’Irak et le mettent sur la liste des régimes arabes à remplacer, s’est donc tourné logiquement vers Moscou. C’est une première dont l’importance améne les deux pays à oublier leurs passifs. Surtout que les Russes comptent profiter de l’isolement du Royaume saoudien pour mieux se replacer au Proche-Orient, sur le marché pétrolier et profiter de la manne des pétrodollars pour se moderniser.. Un accord sur la coopération pétrolière et gazière a d’ailleurs été signé. L’enthousiasme est tel que la Russie affiche sa volonté d’adhérer à l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). Autre fait significatif, le président Vladimir Poutine a fait remarquer que son pays a « toujours considéré le monde musulman, le monde arabe, comme un de (ses) plus importants partenaires ». Ce rapprochement se passe sous le regard presque indifférent des Etats-Unis. Pour eux, pour eux seuls, la grande affaire du moment, c’est l’Irak. Quitte à se distancier d’un allié traditionnel qui, il n’y a pas longtemps encore, passait pour stratégique. Washington n’arrête décidément pas de rééquilibrer toute sa politique au Moyen-Orient.

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