Chroniques

Post-scriptum : Hajji, Chammakh … et les autres

© D.R

Mon propos n’est pas de revenir ici sur le match qui a opposé le Maroc au Gabon et qui s’est soldé par la défaite de l’équipe nationale mais plutôt de dénoncer la polémique qui en a suivi, et qui, au lieu de porter sur le jeu s’est focalisée sur le «degré  de marocanité» des joueurs. Cette polémique est tout simplement indigne et s’apparente beaucoup plus à la recherche de boucs émissaires qu’à l’ouverture d’un débat sur le match et les erreurs commises par l’équipe nationale. Ainsi ces joueurs qui ont pour nom Hajji, Chammakh, Chafni… et autres, seraient moins marocains que les Marocains parce que nés ou ayant grandi à l’étranger, ainsi leur «rage de vaincre» serait moindre parce que leur attachement au pays serait moins ardent, ainsi ils ne connaîtraient même pas l’hymne national… etc….etc.
Ces propos que l‘on a pu retrouver dans nombre d’articles de presse et chez certains commentateurs n’honorent pas le monde du sport. D’abord parce que, justement, si ces joueurs jouent avec le maillot national c’est parce qu’ils l’ont choisi, alors que leur talent et leur double nationalité leur ouvraient d’autres portes ; ensuite parce que les arguments employés portent des relents nauséabonds ! La Communauté marocaine de l’étranger n’a aucune leçon en «marocanité» à recevoir : les preuves de leur attachement au Maroc- toutes générations confondues- ne sont pas à démontrer. Critiquer leur jeu est une chose, les attaquer sur leur façon de parler arabe, de chanter ou non l’hymne national, de se sentir «plus ou moins» marocains est inacceptable. Le degré de marocanité n’est pas tributaire du lieu de naissance ni du lieu de vie ; l’amour du pays est –Dieu merci- quelque chose d’infiniment plus profond, et sans vouloir employer les mêmes arguments, interrogeons-nous tout de même pour savoir ce que signifie cette polémique. Il n’y a pas de «Marocains plus Marocains que les autres» et s’aventurer sur ce terrain est véritablement malsain.Bien sûr, la plupart d’entre nous –nés au ayant grandi à l’étranger– avons dû essayer ce genre de suspicion des dizaines de fois ; car bien entendu cela ne se limite pas aux footballeurs, mais touche plus largement toutes les nouvelles générations issues de l’immigration ; mais il y a des limites à l’injure.
Oui nous pouvons être Français ET Marocains, Hollandais ET Marocains, Belges ET Marocains, oui notre diversité est un atout et notre pluralité est une richesse, et enfin qu’il soit dit avec force que notre marocanité relève d’un choix, NOTRE choix ! Que notre amour du pays de nos parents, de nos racines, ne nous est pas imposé mais librement  consenti et que nous forgeons et enrichissons cet attachement par nous-mêmes dans des conditions que ne s’y prêtent pas toujours là où nous vivons !

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