Chroniques

Post-scriptum : Je n’aime pas le mot tolérance, mais je n’en trouve pas de meilleur (Ghandi)

© D.R

Or, il y a deux façons de concevoir ce mot, celle qui signifie accepter l’Autre, sous-entendu, dans ce qu’il a de différent. Mais «accepter» n’a-t-il pas une connotation un peu timorée et condescendante, dans le sens de tolérer…c’est-à-dire… supporter ?
Et l’autre conception qui aurait alors plutôt le sens de «respect», qui semble plus profond. Gandhi avait saisi le possible mauvais sens, lui qui disait «je n’aime pas le mot tolérance, mais je n’en trouve pas de meilleur», faisons donc comme lui et acceptons le terme de tolérance dans son sens le plus entier. Très souvent le Maroc est décrit comme un pays tolérant. Acceptons-en l’augure. Cela signifie-t-il pour autant que les Marocains sont tolérants ? Si nous voulons être francs envers nous-mêmes, force est de constater que ce n’est pas notre qualité première. Tout comme l’ouverture ou la diversité, la tolérance fait pourtant partie de notre mémoire collective, que nous ferions bien, d’ailleurs, de revisiter. Oui, dans son histoire, dans son vécu, de par sa population, notre pays a su montrer sa tolérance, son ouverture, sa diversité… et dans le paysage actuel des pays nous  ressemblant, nous tenons haut la main la comparaison. Faut-il pour autant nous en contenter ? Faut-il nous reposer sur «nos lauriers» et vivre sur cette légende héritée –et méritée- de nos parents ? Certes non, et il y a urgence à ré-introduire du lien, à redonner du souffle à ce concept de tolérance, d’acceptation de l’Autre, d’ouverture et de respect d’autrui. Car, malheureusement, par paresse , par manque de curiosité, par ignorance, par absence de transmission de la mémoire… nous sommes orphelins de ce patrimoine. Posons-nous donc la vraie question : «De combien de gestes d’intolérance, d’actes de rejet suis-je coupable au quotidien ?» Ce qui m’est étranger, ce qui m’est inconnu, ce qui m’est méconnu, ce qui m’est différent trouve-t-il grâce à mes yeux ? Le dialogue, le partage, le respect de l’Autre, l’ouverture sur autrui, la promotion de la diversité ne sont pas les ennemis de l’identité, de notre identité, ils en sont les meilleurs alliés, c’est le repli, l’enfermement qui est l’ennemi. La tolérance nous grandit, elle nous rend meilleurs, en nous ouvrant des horizons, en nous permettant des rencontres dont nous ne soupçonnions même pas la richesse et nous faisant prendre conscience que notre intolérance nous prive de bien des univers, de bien des amitiés. En fait, en nous privant d’une partie de nous-mêmes ! La tolérance vient de perdre deux de ses grandes voix, deux phares du dialogue, de l’entente entre les civilisations, les cultures, les peuples… l’un musulman Mohamed Arkoun, l’autre juif Edmond Amran El Maleh, pertes cruelles mais qui ne doivent pas «éteindre la flamme», le flambeau «brûle encore» et doit toujours être porté haut grâce aux nombreux militants de cette juste cause…Je voulais évoquer ces deux grandes figures qui nous laissent ce grand défi à poursuivre !

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