Les analyses du scrutin, les conséquences, les causes, les retombées… tout cela -et c’est bien normal- va être décortiqué, analysé, va vous être commenté… moi, plus modestement, je voudrais vous faire vivre la journée du vote telle que je l’ai vécue au sein de la jeunesse, au cœur des quartiers populaires de Casablanca. A derb Soltane, à Sidi Othman, en ancienne médina, à Hay Mohammadi, Aïn Chock… j’ai passé ce jour auprès des jeunes engagés dans le mouvement associatif. Première constatation, il faut honnêtement reconnaître que l’enthousiasme n’était pas au rendez-vous, bien sûr de futures enquêtes approfondiront cela, mais sur le terrain, on pouvait constater que les jeunes ne se bousculaient pas aux urnes. Les plus conscientisés, notamment les jeunes militants au sein des associations de quartiers étaient certes mobilisés, mais leur exemple laissait sceptique le gros des troupes de la jeunesse. Il semble bien que les quartiers populaires et notamment les jeunes soient demeurés dans l’expectative. Dans les discussions avec les 18-25 ans, revenait comme un leitmotiv la défiance vis-à-vis des partis avec sans cesse ce reproche «les politiques s’intéressent à nous quelques semaines avant les élections, puis nous délaissent jusqu’à la prochaine échéance». Et il faut comprendre ce «non-vote» comme un message ! Car il faut bien le dire, les chemins des quartiers populaires ne sont guère empruntés par les élus tout au long de l’année. Pour autant, il serait faux de dire que rien n’a été fait, beaucoup a été réalisé en matière de transparence, de lutte contre la corruption, de confection de programmes, de communication… mais trop tard ? Pas assez ? Sûrement faudra-t-il beaucoup plus de temps pour inverser la tendance et restaurer la confiance. Toujours est-il que ma conviction première qui était de dire que les «opérations ponctuelles», coûtant souvent très cher, très bruyantes mais vécues comme des «coups» ne sont pas la bonne méthode. C’est au quotidien qu’il faut agir, être présent, sur le long terme et surtout respecter nos jeunes en faisant d’eux des acteurs et non pas des objets de marketing. Au cours de cette journée, j’ai vu des jeunes fiers de leur geste après avoir voté, d’autres indécis cherchant à être convaincus, d’autres influencés par la «pression» du voisinage, d’autres encore affirment «attendre les prochaines échéances et vouloir «voir», et un fort pourcentage enfin totalement récalcitrants affirment que «cela ne servirait à rien» lassés par les promesses non tenues. C’est dire l’ampleur du défi qu’il nous convient de relever. Défi qui s’impose à tous ! En effet, l’abstention, qui n’est pas une spécificité marocaine, ne peut réjouir personne, mais -selon moi- lorsque la jeunesse s’abstient, notre responsabilité est d’autant plus grande puisqu’un pays ne peut construire son projet de société sans ses jeunes.
Alors de grâce, attelons-nous à un véritable travail de fond, évitons le piège de «paraître» pour nous attacher à «l’être» : engageons-nous à faire de nos jeunes des gagnants, à l’esprit d’intiative affirmé, à la confiance (en eux-mêmes tout d’abord) retrouvée. Le «jour de vote» n’est, en effet, pas une journée de 24 heures mais bel et bien une action de 365 jours par an.
Alors au travail, dès aujourd’hui !