Chroniques

Post-scriptum : Les enseignements d’une marche

La Marche Watanouna aura fait marcher beaucoup de monde dans les rues de Rabat le 6 mars. Elle aura aussi fait couler beaucoup d’encre, a posteriori. Car, il faut le dire, durant les mois où le collectif a sillonné le pays pour sensibiliser l’opinion à la cause de nos compatriotes de Tindouf, c’est bel et bien la population, la jeunesse, les associations de terrain… qui se sont mobilisées et ont conduit au succès que l’on sait. Si les partis politiques se sont «raccrochés aux branches» 48 heures avant la Marche, c’est surtout parce qu’ils ont senti que le succès se ferait sans eux. L’élite, quant à elle, est restée curieusement absente, tétanisée par l’émergence de ces femmes qui ne font pas partie du Bottin habituel. Et si les quotidiens ont adhéré dès le début, certains hebdomadaires qui attendaient un «bide» pour réagir, ont dû, devant la réussite, chercher d’autres arguments pour démolir quelque chose qui leur a échappé. On pariait sur une fibre nationale moribonde, on l’a vécue vivante et populaire, on pariait sur l’incapacité de mobiliser des milliers de personnes ont défilé ; on pariait sur le désintérêt de la jeunesse, elle était là, en masse, aux premiers rangs ; on pariait sur l’échec, on eut une formidable mobilisation. Est-ce un trait spécifique à nous?
Toujours est-il que l’on n’aime pas la réussite, que l’on ne prête à ceux qui agissent qu’arrière-pensées et objectifs occultés, mais surtout, on dénie aux nôtres toute capacité d’agir par soi-même. Que n’a-t-on lu ? Marche organisée par le Makhzen, Watanouna : objet de l’Intérieur, subventions pharaoniques… Il faudrait que l’on nous explique jusqu’à quand nous devrons considérer l’Etat comme un ennemi, l’Intérieur comme un manipulateur et toute manifestation de fibre patriotique comme un outil de propagande (?!). Les temps changent, le Maroc change, sa population change, sa jeunesse bouge… La grille de lecture de certains scrutateurs, par contre, n’a, quant à elle, pas changé,.. Ceci dit, l’intérêt est ailleurs. Il est mesurable sur les plans extérieur et intérieur. L’ensemble des chaînes a repris l’information avec des commentaires en notre faveur; le Quai d’Orsay s’est exprimé; l’ambassade des Etats-Unis a reçu des membres du Collectif; l’Algérie elle-même a dû réagir; le Polisario s’est découvert un peu plus dans son agressivité; notre communauté a manifesté à Paris, Bruxelles, Amsterdam, en mobilisant nombre d’ONG.
A  Tindouf, nos compatriotes se sont exprimés lors de la prière du vendredi… Sur le plan interne, ni millions ni milliards, mais des bonnes volontés et du bénévolat. Ce 6 mars sera historique à plus d’un titre et en particulier parce qu’il a été l’occasion d’une immense manifestation organisée par un mouvement associatif, librement et spontanément. Il suffisait d’être au cœur de la Marche pour voir que, pour nombre de marcheurs, c’était une première, et que ce que d’aucuns ont qualifié de désorganisation était en fait le désordre normal et ô combien positif d’une jeunesse qui prend conscience et d’une population qui secoue sa conscience. Mais, bien sûr, pour sentir cela, il fallait en être et surtout se débarrasser d’un carcan de préjugés. Puissent de nombreux Watanouna nous animer à nouveau !

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