Chroniques

Post-scriptum : libre…

Nous étions en réunion ce vendredi soir au local de Maillage, tous les responsables des associations de jeunes des différents quartiers de Casa, membres du Réseau, étaient là car l’ordre du jour portait sur le programme ambitieux lancé avec le Lions Club Doyen : «Jeunes Médiateurs de Quartiers». La porte du local s’ouvrit et entra un jeune homme, maigre, les yeux creux mais le visage radieux -Tous nous le regardions interrogatifs- attandent qu’il nous dise le motif de sa venue ; or lui ne cessait de nous regarder, un grand sourire lui barrant le visage. Enfin il prit la parole et nous dit : «Je suis Reda, vous ne me reconnaissez pas?». Devant notre silence il ajouta en riant : «Je suis Reda -du Centre de jeunes de Oukacha- je suis sorti samedi, à l’occasion de la grâce royale pour l’Aïd Istiqlal». Tous les jeunes se levèrent alors, en même temps, pour l’embrasser, le féliciter, le congratuler…
Le moment de brouhaha passé, Reda prit place autour de la table, nous disant : «je suis sorti pour ne plus y retourner, et maintenant je suis parmi vous !». En fait, il nous envoyait -avec raison- une balle à saisir au bond. Reda est un gosse de 19 ans, à l’histoire malheureusement, banalement triste, comme nombre de jeunes dont le parcours les a menés en prison. Orphelin de père, élevé par une mère seule et démunie, il suivait pourtant un cursus scolaire brillant quand un soir de mai dernier, dans son quartier de Hay Hassani, avec une bande de jeunes copains à lui, il eut une altercation avec un policier : arrestation, tribunal, il fut condamné à huit mois et emmené au Centre de jeunes de Oukacha. Là, il se révéla un jeune détenu exemplaire et grâce aux nouvelles orientations prises dans ces centres de réeducation pour jeunes, il peut suivre un cycle de formation en électricité. C’est là que nous l’avons rencontré lors des manifestations culturelles et des visites que nous organisions à Maillage, grâce au partenariat avec Mama Assia (Assia El Ouadie, la mama de tous ces jeunes détenus).
Or, lorsqu’il est venu nous retrouver ce vendredi nous ne l’avons pas reconnu tout de suite car il avait perdu son teint blafard, ses yeux tristes et son air résigné. Grâce à la libération voulue par Sa Majesté et concernant 10.000 personnes, il avait retrouvé la liberté et par là-même sa jeunesse et l’espoir. Il a eu le bon réflexe, venir immédiatement retrouver les jeunes militants  associatifs, qu’il avait rencontrés alors qu’il purgeait sa peine.
Puisse nombre d’autres jeunes, ainsi libérés, avoir ce réflexe et surtout trouver un accueil. Car c’est bien ce qui nous manque : les structures de réinsertion pour ces jeunes, lorsqu’ils ont acquitté leur dette envers la société. Alors -bien sûr- les associations de jeunes œuvrant dans les quartiers, n’ont pas les moyens en infrastructures, ni les moyens humains ni la formation requise, mais au moins elles représentent une cellule où le jeune se trouvera encadré et préservé des mauvaises fréquentations et tentations… A ce moment là, d’ailleurs, les jeunes responsables de Maillage ont compris toute la grandeur de leur programme «Jeunes Médiateurs de Quartiers».

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