Chroniques

Post-scriptum : Quartiers en difficulté

© D.R

En France, on a l’habitude d’appeler les quartiers populaires et quartiers périphériques des  «quartiers difficiles», j’ai toujours préféré -personnellement – employer les termes de «quartiers  en difficulté». Il me semble évident que c’est parce que ces cités connaissent des difficultés qu’ils peuvent devenir «difficiles» et que la population qui y vit a des problèmes qui font de ces quartiers des lieux de mal-vie… Il faut toujours faire attention aux adjectifs dont on affuble les personnes et les endroits où ils vivent car ceux-ci deviennent très vite stigmatisants et ajoutent au sentiment de relégation. A nouveau,  en France, on propose donc pour ces quartiers un énième «Plan Marshall». A nouveau des promesses, à  nouveau l’annonce de budgets colossaux (suivis ou non d’effets) et malheureusement, à nouveau, le sentiment que  cela ne suffira pas, que cela ne réglera rien et une fois de plus on sent déjà poindre la défiance et l’amertume dans les paroles de la jeunesse de ces banlieues. Est-ce que pour autant tout est à jeter dans ce nouveau «plan», certes non, et il faut reconnaître à Fadela Amara – la jeune secrétaire d’Etat – qu’elle sait de quoi elle parle, elle qui vient de ces banlieues. Des actions spécifiques sont donc annoncées en faveur des jeunes : renforcement des actions de soutien scolaire, augmentation du nombre de places dans les écoles de «la deuxième chance», engagement des entreprises à recruter les jeunes de ces quartiers… tout cela est positif, d’où vient donc cette impression d’échec programmé ? Du fait d’abord que cela ressemble beaucoup à une nouvelle déclaration d’intention, du fait aussi – selon moi – qu’une fois de plus – la population et la jeunesse en particulier, ne sont pas que bénéficiaires !
Parlons donc de nos quartiers à nous : quartiers populaires, quartiers «en fragilité», même si la situation n’est pas identique, beaucoup de similitudes existent cependant. Or chez nous, l’INDH, qui peut être considérée comme un «plan» a choisi la démarche inverse : c’est la participation qui est mise en avant, la prise en main de leur destin par les jeunes, l’appel à l’esprit d’initiative. Pour autant, pour sortir nos quartiers de leur mal-vie, il est nécessaire «d’entourer» l’INDH de mesures d’accompagnement : une sorte de politique de la ville. L’école bien sûr, première priorité mais aussi le développement des associations locales, de terrain ; ensuite une véritable incitation au civisme, à la citoyenneté par une série d’initiatives éducatives, de prévention, de motivation, de «récompenses». Des mesures en faveur de l’emploi : services aux personnes, «petits boulots de proximité» et là le monde associatif et le «social» sont de véritables niches d’emplois ! Enfin une véritable mobilisation de la population de ces quartiers : les jeunes bien sûr mais aussi les mères de famille, les «anciens»… A un bien modeste échelon, nous avons commencé, à quelques uns, ce travail de fourmi : un quartier est en train de devenir exemplaire en la matière : il s’agit de Hay Lalla Meryem à Casablanca. Une sorte de petit laboratoire… Je vous en reparlerai !

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